Stivi venait de débarquer à l’école. Sans savoir où aller, il se dirigea instinctivement vers la cour de récré. Après tout, quel meilleur endroit pour débarquer dans une école qu’une cour de récré. Fallait bien commencer quelque part. Le grand garçon marchait d’un pas lent, sans se presser. Son lecteur mp3 sur les oreilles, il balayait la cour du regard. Personne à première vue. Bah, tant mieux, il n’avait jamais aimé les regards des autres qui se posait sur le nouveau. Il trouvait toujours cela déplacer et ça l’agaçait sérieusement. Et puis, être le nouveau dans une école, c’était plutôt désagréable. Les regards des autres, les questions gênantes sur sa vie, bref, un tas d’emmerdes dont il n’avait pas envie en ce moment.
Il s’installa sur un banc, quoi de plus normal. De toute façon, il n’avait pas envie d’aller plus loin pour le moment, fallait quand même pas trop pousser. Il s’installa sur le banc de façon plutôt nonchalante. Il n’avait rien à faire de toute façon. Le soleil brillait sur la cour de récré. C’était vraiment agréable cette petite chaleur. Le printemps s’installait lentement. Et quoi de mieux qu’une belle journée ensoileillée pour mettre un sourire sur les lèvres! Stivi dégustait ces petites minutes de solitude, enfermé dans sa musique. Il ferma les yeux. Une légère brise venait de se lever et faisait danser ses mèches rebelles devant son visage. Ses lunettes de soleil sur le nez, il se sentait tout simplement bien.
Il ouvrit lentement les yeux, toujours personne. Quoi de mieux pour commencer sa première journée. Fallait quand même pas rencontrer une personne qui le saoulerait avec ses problèmes au premier moment. Il n’avait pas envie de parler de sa vie et avait encore moins envie d’entendre quelqu’un d’autre parler de la sienne. Ce n’était pas un sujet de conversation qui l’intéressait. Vraiment, il fuyait ce type de conversation. Et pourtant, il pouvait être hyper protecteur avec les personnes qui savaient le toucher et qui savaient l’atteindre d’une certaine façon. Mais ces personnes étaient plutôt rares et il arrivait fréquemment qu’il se trouvait lassé des gens autour de lui. Il changeait fréquemment de groupe d’amis, parce que la compagnie des autres l’énervait. Il n’aimait pas ces sujets redondants qui se portaient toujours sur les autres ou sur lui.
Contrairement à tout le monde, Stivi n’aimait pas ce genre de discours qu’il trouvait un peu assomant. Et pourtant, combien de personnes se sentaient gratifiées de parler de leur vie, de leurs problèmes. Il n’en avait pourtant rien à fourtre lui. Et ça lui tombait royalement sur les nerfs. Il n’aimait pas qu’on le prenne pour un déversoir de problèmes. Il était plus que ça et ne voulait pas que les autres voient en lui un confident. Il ne l’était pas et ne l’avait jamais été. Il se leva lentement du banc, prenant le temps de déplier son grand corps et commença à marcher en direction de l’école.
Il aimait bien ce moment où tout semblait aller au ralentit, tout semblait encore permis. Ce petit moment de rêve, qui était tout simplement à lui. Il s’inventait des scénarios dans sa tête de la rencontre parfaite. Mais une rencontre parfaite, y en avait-il? Ça, il en doutait. Et vraiment en plus. Parce qu’aucune rencontre n’était parfaite et amenait toujours son lot de problèmes. Non pas qu’il aimait parler de futilités, mais de toute façon, il n’aimait pas la conversation. Il n’aimait pas discuter. Il préférait s’enfermer dans sa bulle où il était seul à pénétrer. Et combien de fois, pourtant, avait-il tendu la perche aux autres, sans que personne ne sache comment le déchiffrer? Sans que personne ne comprenne vraiment qui il était. Il avait sa personnalité bien à lui et attendait peut-être de rencontrer quelqu’un qui saurait enfin le prendre pour qui il était et non pas d’en faire une petite peluche bien docile que l’on peut traîner derrière soi à son gré.