La vieille usine ... Henri la voyait de loin de là où il était, assis sur un talus du parc, le cul mouillé par la rosée de la nuit. Il était stone, sa vision se brouillait anormalement. Ce soir il y avait été fort sur l'héroïne, beaucoup plus fort que les autres jours ... Il sentait le Bad arriver, il tremblait, trop de salive dans la bouche pour tout avaler, il bavait, l'angoisse totale. S'il restait dans le Parc et qu'il partait en Over dose il savait qu'il allait y passer c'était certain. Seul, dans le froid avec 3 doses dans le sang ? Du suicide.
Alors, péniblement, porté par un ultime fragment de lucidité qui avait survécu à cette orgie de produit stupéfiant, il se leva et marcha. Tout droit, il n'avait ni la volonté ni la force de réfléchir à tourner à droite ou à gauche. Il parcouru presque une borne entière de cette manière, se prenant les murs, les piquets électriques et les voitures. Lorsque les alarmes des véhicules qu'il percutait se déclanchaient il sursautait, persuadé d'être tracé par la flicaille. Il se rongeait tellement les ongles que du sang perlait à l'extrémité de ses doigts. Ce qu'il pouvait avoir froid ... Au 3/4 du chemin il tomba à genoux, frigorifié, il bava, cracha, tenta de rester lucide pour aller crever dans cette usine qu'il avait visité un jour ou il était défoncé aussi ... Ce jour là il avait baisé le barbu. LE BARBU ! Voilà qui le motiva, son esprit asphyxié par la drogue se souvint vaguement du visage de Seth, peut-être qu'il était là ? Peut-être qu'il pourrait l'aider ?
Henri se releva avec la force du désespoir et grimpa à la grille qui protégeait les lieux des intrus. Il retomba de l'autre côté sur le dos en s'explosant la colonne et c'est en rampant qu'il termina sa course devant la porte. Il avait toujours eu le chromosome du mollusque mais de là à jouer la limace ... Comme un chien il gratta à la porte pendant une bonne dizaine de minutes avant de se rendre compte que la poignée de fortune était à 20 centimètre de l'endroit où il la cherchait. Epuisé, il s'agrippa à la poignée pour se relever et fit coulisser la porte de tôle froissée. Le vacarme qui résultat du mouvement de la porte lui assassina le dernier neurone en course, il s'effondra et tomba dans un demi coma, ses pieds dépassaient encore à l'extérieur de l'usine, il n'avait pas eut le temps de fermer la porte.
Durant son sommeil de mort il fut prit de vomissements et de convulsions ... Alcool, héroïne, médicament, Chon ... Mélange explosif, tout ca plus la fatigue, Henri se sentait crever, il avait chaud, il avait froid, il nageait dans son vomit c'était dégueulasse à souhait comme scène. Des tremblements nerveux contractaient ses muscles, ses dents claquaient et le bruit sinistre qu'elles produisaient raisonnait dans la salle silencieuse. Seth n'était pas là ... Il serait venu l'aider sinon. Spencer était seul dans son Bad, un gros " Game Over " clignotait derrière ses paupières fermées. Il avait grillé la dernière carte de son jeu, qui viendrait l'aider maintenant qu'il s'était isolait dans un lieu visité une fois par an à la saint glinglin ?
Les secondes passaient, aussi longues que des heures … Les minutes s’écoulaient et Henri se réveillait parfois en tentant de bouger mais il n’y arrivait pas, son corps ne lui obéissait plus.
Sa respiration commença à se faire trop lente, il ne sentait plus le froid, il ne voyait plus même en ouvrant les yeux, ses cordes vocales ne répondaient plus et il se perdait en souvenirs idiots de son petit frère qui lui courrait après dans le jardin en lui demandant quand est ce qu’il lui apprendrait à faire du skate. Le début de la fin comme on dit, Spencer pleurait, comme un gamin qui se rend compte de sa connerie … Mourir pour un fixe de trop, s’il avait su…
Bouffé par le remord et persuadé qu’il allait y passer, il ne se rendit même pas compte que tout ca n’était qu’un Bad, qu’il badait comme un dingue, qu’il était juste sonné par le trop plein de drogue mais que les vomissements, les dents qui claquent et les tremblements c’était lui qui les provoquait en imaginant sa propre mort. Il était tellement détraqué psychologiquement et il y croyait tellement à sa dernière heure qu’il provoquait lui-même ses symptômes imaginaires. Et en attendant il n’avait pas entendu que dehors ca s’activait et qu’un bruit de pas se rapprochait dangereusement de l’endroit ou il se faisait crever tout seul.