Evacuation réussie

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Shinya avait été déposée dans la voiture, elle était toujours enveloppée d’une sorte de brouillard hilarant. Elle s’amusa de voir Mère Térésa atterrir dans le coffre mais le raffut qu’elle y fit ne lui plut pas. Elle voulut lui crier mais elle ne put que dire d’une voix embuée :

« Psssht ! Mais arrête, salope ! Ca sent l’sapin pour toi ma grosse… »

Elle allait demander à Andrew de l’assommer pour qu’elle cesse de frapper contre les parois du coffre, mais alors qu’il commençait à démarrer trois flics déboulèrent dans le parking. Son boss démarra en trombe et ils furent vite hors de vue. L’usine n’était pas très loin de l’hôpital et ils arrivèrent assez rapidement. Cependant, Shinya commençait déjà à ne plus se sentir très bien. Elle avait subitement froid, elle se mit à grelotter alors que sous son bandage la douleur revenait :

« S’quoi ces medocs de merde qu’elle m’a donné ? Un bisou ça m’aurait plus soulagée, grognasse ! »

Elle s’adressait à la fille dans le coffre qui ne l’entendait certainement pas. Lorsque la voiture s’arrêta, la nipponne dut mettre beaucoup de ses forces dans son bras pou arriver à ouvrir la portière de la voiture. Elle sortit chancelante et s’appuya sur la carrosserie de la voiture. Cette carrosserie… Le parking d’Harvard. Leurs deux corps qui se rapprochent et ne font qu’un… Un flash. Bandô va le savoir, Bandô le sait… Shinya recula de la voiture comme si elle avait peur que la scène entre elle et Andrew ne se reproduise, que Bandô ne revienne. Et elle trébucha tant elle était sonnée.

Honteuse, Shinya se mit sur les genoux et s’adressa à Andrew :

« T’en fais pas pour moi… Occupe-toi de l’autre geignarde dans le coffre… Je… Je vais y aller toute seule… »

Le seul fait de respirer lui faisait mal à présent mais il n’était pas question qu’elle défaille. Elle avait déjà l’air assez idiote en robe de chambre de l’hôpital, prostrée sur le sol de ciment.

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Il demerra la voiture, entendant les gérémiades de la frenshie méme au travers du coffre... Il pesta en silence, pensant qu'il lui aurait mieux vallut de la flinguer direct que de l'embarquer avec eux. Mais qu'importe, c'était fait, et de plus, les giros dans son retroviseur lui annoncérent d'accelerer un peu plus, de méme que l'etat de Shinya, qui avait toujours ce sourire a la con sur les lévres... Il ne voulait pas le montrer mais il commencait a serieusement s'inquieter pour elle, il se jura en silence de retrouver celui qui lui avait percé la peau et de le flinguer sans remords...

Il deboulérent alors sur la route menant a l'usine, il n'y allait pas de main morte, jouant les pilote de Ralye pour le plus grand plaisir de la passagére du coffre qui devait ressentir chaque virage, la téte tapant durement contre la paroie métalique du bolide.. Il apercut enfin la tole grise du QG, la ou il avait donnée rendez vous deux minute plus tot par un simple appel, au toubib du clan.. Ce dernier avait deux minutes pour s'amener, sinon il en allait de sa famille, et de la vie paisible dans sa petite maison... La vie De shinya, contre celle de sa femme et de ses trois enfants...

Il stoppa enfin la voiture, les pneus derapant sur les graviers jonchant le devant du batiment, et sortie pour faire le tour et rejoindre son Lieutenant qui se tenait le ventre, les traits tirés par la douleurs, mais une réction, une etrange lueure dans le regard lui fit comprendre qu'il y avait autre chose qui devait la faire souffrir... Mais quoi?

- La pouffiasse va attendre, allez je t'emmene...

Il souleva lentement Shinya, et ensemble ils se dirigérent doucement vers l'Usine. Il ouvrit la porte, et s'engouffra avec Shin a l'interieur la deplacant avec prudence, pour finalement la poser sur la table...

- Bouge pas de la, le doc va arriver Shin!

Il retourna alors a la bagnole, et s'approcha doucement du coffre... La il l'ouvrit, flingue a la main, la francaise allait morfler...

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Nathanaëlle avait sentie que la voiture s'arretait, et elle remercia Dieu, car elle commencait à avoir mal à la tête. Et en plus, qu'est ce que ca pouvait sentir mauvais dans ce coffre! Nathanaëlle prefera ne pas savoir ce qui avait bien pu se trouver à sa place, mais de son avis, il ne devait pas s'agir d'une caisse de fromage fort.

Elle attendit quelques minutes, puis tenta d'ouvrir le coffre, mais sans succés. Alors elle retomba sur le dos. Devait-elle se defendre? Elle doutait serieusement que cela soit une bonne idée. Elle aurait surement affaire à des gens armés jusqu'aux dents. Et en repensant à la gifle memorable qu'elle avait prise devant l'hopital, elle songea qu'il valait mieux faire profil bas. Même si en coller une bonne à ce sale type la demangeait.

En parlant du sale type... Voila qu'il ouvrait le coffre, un flingue à la main, un flingue pointé sur elle. De quoi avait-il peur? Ce n'est pas comme s'il avait affaire à un puissant terroriste. Elle n'etait qu'une simple etudiante, qui ne savait ni se battre, ni se servir d'une arme. Pas de quoi se mefier.

Elle fronça les sourcils, mais resta silencieuse. Le sang venait tout juste d'arreter de couler de sa lèvre fendue, et son menton en portait encore les traces rouges. Elle se redressa lentement, le regard fixé dans celui du voyou, attentive à ne pas faire de gestes brusques.
Du coin de l'oeil elle remarqua que la blessée n'etait plus là, et par la même occasion qu'ils se trouvaient dans une espece de hangar. Puis elle reporta toute son attention sur le jeune homme, et sur son arme.

" Comment va-t-elle? " demanda-t-elle à voix basse.

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Un séjour en Enfer…
A attendre que la mort vienne la prendre… Mais la Mort même semblait rejeter de telles injures à la vie, de l’acabit de la nippone… Ce n’était pas son heure… L’ anorexie n’avait pas triomphé d’elle ; Bāndô n’avait plus qu’une chose à faire : se redresser et revenir à ce monde qu’elle avait laissé une semaine durant laquelle elle se laissa dépérir…
Son clan avait du cacher son absence, sans quoi une vraie anarchie se serait installée, faisant à coup sûr éclater une guerre des gangs locaux…
Le point final à son exil fut une série de meurtres sanglants, illogiques, tantôt des concurrents du boss, et parfois, des victimes innocentes. Moyen de revenir sur le marché du crime ? De se prouver qu’elle prenait encore plaisir à abattre des inconnus ? Ou amusement pur et simple ? Ou encore, témoin sinistre de la folie du personnage… Elle avait touché le fond, et désormais, ses actes extrêmes, en plus d’être couronné d’une violence sans pareille, seraient dénudés de logique ; la sanguinaire avait définitivement perdu la raison…

Shinya, allongée sur une table, commençait à sérieusement défaillir… Un silence de mort régnait dans l’entrepôt, seuls les gémissements de la blessée se faisant entendre dans ce vaste local. Une larme visqueuse vint tomber sur sa joue ; puis deux… Bientôt, une pluie fine de sang s’abattit sur le visage de la chanteuse. Suivant cette averse rouge, une chose ronde tomba lourdement aux côtés de la japonaise ; « cela » roula jusqu'à elle. Le visage déformé par l’horreur du médecin du gang se découvrit ; sa tête cogna les pieds de la nippone. Si elle levait les yeux, elle pourrait apercevoir une silhouette familière… Félin, le spectre dévala les charpentes de l’entrepôt, finissant par sauter à terre : il se redressa, dos à Shinya, avant de partir tranquillement, laissant la blessée seule. Avant de disparaître, le visiteur laissa tomber à terre, une bonne dizaine de paquet de morphine.

Pendant ce temps, Andrew braquait son calibre sur Nathanaëlle, prêt à lui faire passer l’arme à gauche…
Il la regardait dans les yeux, à deux doigts de lui tirer dessus ; mais une douleur soudaine lui prit au poing : une lame s’était abaissée sur sa main armée, entamant une coupure pour le moment légère, mais prête à s’abattre, lui garantissant une amputation nette de la menotte droite… Andrew dut se retourner vers son attaquant, qui ne le regardait alors pas dans les yeux, fixant la française tassée dans le coffre de la voiture. La surprise du boss était à son comble ; celui, ou plutôt celle qui tenait son sabre, sommant l’anglais de raviser ses envies meurtrières, était celle pour qui il s’était inquiété durant tout le temps où elle les avait abandonnés. Quelques jours avaient suffis à modifier son apparence ; l’innocence refoulée que l’on devinait tout de même à travers elle, semblait s’être éteinte, tout comme son regard, et l’espoir de la voir un jour saine d’esprit… Outre son apparence, le changement physique était assez choquant : ses bras étaient couverts de scarifications, non celles que l’on attribues aux enfants mal dans leur peau, qui effleurent alors leur veines par peur d’y aller franchement, non, il s’agissait bien de réelles blessures qu’elle s’infligea, son esprit torturée cherchant des réponses à travers la souffrance. Aussi, de nouveaux tatouages apparaissaient ci et là sur son corps qui désormais, mis à part le visage, la base du cou et les mains, ne comptait plus une parcelle de peau vierge. La première impression qu’elle donnait était le vide : Bāndô semblait être un corps à qui on avait arraché l’âme, hurlant encore cette séparation douloureuse…

Elle n’eut aucun mot pour Nathanaëlle, juste un regard absent ; elle voulait qu’elle déguerpisse d’ici… Après l’épisode de l’hôtel, la française ne revit plus sa nouvelle élève. Une semaine s’était écoulée…
Quant à Andrew, elle ne le considérait pas sur l’instant : armée de son katana prêt à lui trancher la main, elle ne lui avait pas adressé un regard… Silencieuse, elle tenait son sabre long qu'elle ne sortait que pour les grandes occasions, trouvant son utilisation trop théâtrale... Elle était couverte de sang...

Lors de sa folie meurtrière, Bāndô tua sans compter, jusqu'à ce jour, où elle tomba sur le médecin du gang : avant de l’envoyer en Enfer, elle avait attendu qu’il ait fini son appel, cachée dans le coin sombre d’une rue… Il parlait de Shinya… elle attendait ses secours… Le docteur avait enfin raccroché, Urushima se résigna à l’épargner mais il emprunta alors une rue transversale, celle qui menait au QG des ritales… Elle le suivit et y découvrit la trahison… Le médecin, un vendu, avait alerté les italiens, leur donnant la cruciale information que le Fightclub connaissait une mauvaise passe, et que dans quelques instants, d’ici le temps qu’ils arrivent à l’entrepôt, le boss serait seul, ou presque, bref, de quoi signer un beau coup. La suite des événements fut sans surprise… Bāndô liquida les ritales sur place ; ils n’étaient pas nombreux, rien de bien méchant, même si elle avait gagné une entaille profonde au niveau de ses côtes. Le docteur avait fini décapité… L’assassine s’était rendue à la vielle usine, attendant, tapie dans l’ombre des renforcements du bâtiment, son boss et ce qui avait été jadis son amie… Dès qu’elle avait vu Shinya pénétrer l’entrepôt, elle n’avait soufflé mot, ne trahissant pas sa présence… Bāndô était restée là à la regarder : elle aussi n’était qu’une victime de sa propre personnalité… La marginale s’était enfin décidée à sortir de l’ombre, laissant à Shinya la tête du docteur… Et maintenant, elle se dévoilait à son patron… Celui à qui elle supplierait de lui demander pardon…

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Shinya se sentait de plus en plus faible et à la fois ridicule. Andrew la mena à l’intérieur de l’usine et la plaça sur la table, presque l’unique meuble du repère. Alors qu’il ressortait pour s’occuper de la gamine, Shinya se laissa choir sur la surface raide du bureau. Quelques fournitures tombèrent au sol tandis qu’elle relâchait ses muscles fatigués et respirait avec difficulté. Elle avait les yeux fermés et n’attendait plus que le médecin, qu’il lui donne une bonne dose de calmants et surtout qu’Andrew ne lui pose pas de question sur l’origine de ses blessures.

C’est alors qu’une substance s’écoula goutte à goutte sur son visage, elle passa ses doigts dessus et ils se teintèrent de rouge. Du sang ? Le sien ? Non, impossible évidemment… Les gouttes tombaient de plus en plus vite et en abondance, un filet de sang se déversait à présent sur ses cheveux éparpillés sur le bois du meuble. La douleur lui troublait la vision, elle ne discernait pas bien d’où venait ce sang. Quelque chose tomba juste à côté d’elle, c’était si près qu’elle ne vit d’abord qu’une surface poilue. L’objet roula jusqu’à ses pieds et elle fut persuadée que ce n’était autre qu’une tête humaine.

Elle leva les yeux, chercha du regard dans la pièce pourtant silencieuse. Et c’est à cet instant qu’elle l’aperçut. Sa silhouette amaigrie mais reconnaissable, sa façon de se déplacer, sa chevelure blonde. Bandô était ici, et elle venait de lui apporter la tête d’un homme sur un plateau. La panique n’arriva même pas jusqu’à elle, il suffisait à Bandô de l’égorger ou de tendre les mains pour l’étrangler. Hébétée, elle la vit s’éloigner. La vengeance était-elle oubliée ? Remise à plus tard ? Shinya n’en avait aucune idée, elle voulut lui crier qu’elle était désolée encore une fois mais seul un gargouillement franchit ses lèvres.

Recroquevillée, Shinya perçut le bruit des petites boîtes de Morphine qui tombaient au sol mais elle voyait de plus en plus flou. La tête lui tournait, elle eut seulement le temps de basculer sur le côté avant de rendre, sur le sol, un mélange de bile et des médicaments donnés par la Natural. Andrew… Bandô… Ethan… Andrew, attention… Un mauvais pressentiment arrivait à traverser l’épaisseur de la douleur et de l’étourdissement, Bandô rapporterait-elle la tête du boss de la même façon qu’elle avait fait avec celle qui était contre son pied ?

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Son Berreta armé face a la jolie face de la francaise, Andrew s'était doucement preparé mentalement a faire ce qu'il avait jugé bon. Il fallait eliminer la menace que pouvait representer la Théta, elle avait vu l'usine, vu leurs visages, aucunes echapatoire pour elle, malheureusement elle avait choisit la mauvaise chambre pour jouer la bonne ame charitable, et fait sa fiere et courageuse face a celui qu'il ne fallait pas... Tout dans le regard du British exprimé ce qui allait suivre, il n'avait aucune emotion a le faire, n'y prenant pas particuliérement de plaisir, mais n'ayant aucunes apprehensions non plus... Le Boss du FigthClub devait protéger ses interets et ceux de son club, et pour cela, il devait faire en sorte d'eviter de trops nombreux temoins du lieu de rassemblement des membres de son groupe...

Elle ne devait pas se douter de ce qui allait se passer, de la destination qu'elle allait rejoindre trés rapidement. Au lieu de cela, elle s'inquietta du sort de Shin, demandant des nouvelles de la japonaise..; Touchant comme certaines personnes pouvaient s'inquitter de la vie de leur congénéres, tandis que d'autres ne voyaient pas la vie comme ca.. Andrew faisait partie du second groupe, ne s'inquiettant que de sa petite personne, et de celles de ces Lieutenants. D'ailleurs a l'heure actuel l'une d'eux était mal en point et il n'avait pas de temps a perdre avec la Théta.. Il leva son arme, visant l'entre deux yeux, Il lui offrait tout de méme une mort rapide, quelle ame charitable ce Britanique...

Alors que son doigt s'approcha de la detente, frollant le metal froid de l'arme, s'appretant a appuyer sur cette derniére pour enfin donner la mort, rapide et sans douleur tout de méme, a cette jeune effrontée, la douleur lui empecha toute action... Une lame brillante, s'abbatut rapidement sur son poignet, ne faisant heureusement que le froler, mais suffisament pres pour lui tailler la peau, d'ou s'echappa un mince filet de sang... Il grimaca, plus de surprise que de douleur, mais son arme finit au sol, tombant avec un bruit sourd, son autre main venant se refermer sur la premiére, bléssée, tout autant que son orgueil, s'étre laissé approché si facilement, quel manque de professionalisme...

Il tourna lentement la téte, pour voir qui avait osé agir ainsi, et ce qu'il vit le fit ouvrir grand les yeux, lui faisant oublier la douleur, l'endroit, le temps... Il avait devant lui un personnage a faire trembler le plus temeraire des tueurs, un personnage sans expressions, sans visage, bardés de dessins gravé profondement dans la chair, par un couteau ou autre objets tranchant... Il ne put rien dire, rien faire, il n'osait plus la revoir, mais encore moins qu'elle l'agresse... Face a lui se tenait celle pour qui il s'était fait tant de soucis, l'une des rares pour laquelle il s'était inquiété. Sa disparition avait duré une semaine, et lui avait parut une eternité... Pas par son manque de morts sanglante, ni méme son humours asiatique a deux balles, mais belle et bien pour... Autre chose... méme lui avait encore du mal a y croire... Mais la, elle venait de le desarmer, d'un geste souple, d'une maitrise sans pareil de son Katana, sauvant la peau de la jeune fille toujours installée dans le coffre de la voiture... L'incompréhension totale, ainsi avait il vu juste? Bandô était elle vendut aux Ritals, ou a un autre gang?... Les questions se bousculés dans sa téte, mais lentement il s'accroupie, ramassant son arme, mais la gardant braqué vers le sol...

- Et maintenant? C'est la téte qui va voler.? Fait vite Mon bou... Bandô, fait ce que tu as a faire...!

C'était la haine qui parlait! Elle l'avait trahit, trahit le groupe, mais plus que tout, trahit ce petite sentiment naissant en lui, cramé son coeur, et bouffé ce qui restait...

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Ayant presque peur de faire le faux mouvement qui la precipiterait à sa perte, Nathanaëlle respirait à peine son regard planté dans celui du voyou. Le silence etait tel qu'elle entendait son coeur battre dans sa poitrine, et elle avait presque l'impression que son rythme cardiaque s'etait ralentit depuis qu'elle avait un flingue pointé vers elle.

A la question qu'elle osa poser, elle n'obtint pour reponse qu'un regard froid, denué de tout sentiments humains. Et lorsque le canon de l'arme vint se pointer directement entre ses deux yeux, Nathanaëlle ressentit quelque chose d'etrange. Un sentiment qui l'effraya presque.

Du soulagement.

Elle savait qu'elle allait tres probablement mourir. Et elle en etait soulagée. Elle savait que cela signifierait la fin à tous ses problemes. Que son frère serait debarassé d'un poids enorme. Qu'elle ne manquerait pas à grand monde.
Elle se demanda si Maxime, son colocataire avec qui elle s'entendait si bien, la pleurerait. Elle se demanda si Bandô en voudrait à son boss de l'avoir descendue, ou bien si elle se contenterait de hocher la tête en se disant que la "from" aurait mieux fait de rester chez elle.

Elle aurait du pleurer, se mettre à genoux, supplier pour qu'on lui laisse la vie sauve.
Mais elle ne fit rien de tout cela. Elle garda les yeux fixés dans les prunelles glaciales du jeune homme qui allait mettre fin à ses jours. Et attendit.

Elle sursauta lorsqu'elle vit un eclair lumineux fuser vers la main du garçon, et elle tourna les yeux pour savoir qui l'avait defendue. Et la stupefaction de peignit sur son visage.

Bandô.

Mais la japonaise avait bien changée. Elle avait l'air forte avant, maintenant elle avait l'air morte. Ses yeux ne refletaient plus rien. Elle ne semblait plus humaine. Et Nathanaëlle sentit une angoisse la prendre à la gorge. Qu'etait-il advenue de Bandô?
Surtout qu'elle venait, sans aucun doute, d'attaquer son boss, et ainsi de s'exposer à de graves represailles. Pourquoi faisait-elle cela? Si l'etat de Bandô n'avait pas laissé supposer que quelque chose s'etait produit, Nathanaëlle aurait aisement pu penser que la niponne etait venue la sauver. Mais Bandô etait restée introuvable pendant toute une semaine. Nathanaëlle le savait bien, pour avoir attendue tous les matins à la même heure que Bandô vienne, pour l'avoir cherché dans toute l'université sans la trouver. Bandô n'etait pas là pour elle. Elle etait là pour autre chose.
Mais quoi?

Pour tuer son boss? Celui à qui elle semblait porter tant d'affection et qu'elle respectait plus que tout?
Impossible!
Le cerveau de Nathanaëlle cherchait en vain une reponse, sans pour autant la trouver. Lentement des pieces se mettaient en place, mais il restait des trous à combler.

" Elle ne veut pas te tuer... " chuchota-t-elle, plus pour elle même que pour le voyou. " Elle souffre... "

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La stupéfaction d’Andrew fut grande : le monde semblait s’être arrêté à l’instant où il posa ses yeux sur Bāndô, ou plutôt cette ombre qui n’avait plus rien d’humain… La nippone ne se doutait pas de la réciproqueté de ce qu’elle n’osait nommer, cette chose qui la consuma en lui offrant une incompréhension totale de ce qui pouvait bien lui arriver, la désarmant, pour finir par la blesser… De tels sentiments étaient une chose nouvelle pour elle, même tarif pour Andrew, qui devait se maudire d’avoir jeté son dévolu sur une enfant qui ne maîtrisait alors pas son personnage, prête à se retourner contre ses proches, la première victime de sa folie étant Shinya...
Fataliste, MacTyler s’offrait déjà à la lame affûtée de la japonaise, se jetant délibérément dans les bras de la mort. Mais il n’avait rien compris…

Bāndô abaissa son arme : elle s’avança vers Nathanaëlle, puis, la prenant par le col, elle la jeta en dehors du coffre, l’idée de lui faire mal étant à des milles de son esprit… La nippone fixa de biais la porte de l’entrepôt, puis la française, qu’elle considéra sans nulle émotion dans le regard. Shinya avait besoin d’aide, Nathanaëlle devait faire vite… Urushima n’avait pas décelé la peur de la mort dans les yeux de sa bonne samaritaine : elle ne pensait pas qu’elle aussi, se fichait bien de tomber dans l’oubli, et d’une fois pour toute, cesser de souffrir… Non vraiment… Bāndô en était attristée, au fond de ce semblant de cœur qui survivait du grand gel… La marginale aurait voulu lui dire qu’en elle, elle voyait la réussite, le bonheur de se sentir exister dans ce vaste monde, et que cette image lui donnait envie de mener une vie normale… A vrai dire…elle l’enviait presque…
Mais tout cela ne sortit pas de son cœur ; ses lèvres refusaient de se mouvoir, Bāndô demeurait interdite…

Nathanaëlle put percevoir le regard éteint de son élève, mais outre cette absence d’émotion, une chose frappait, mais l’obscurité qui annonçait alors la nuit, voilait quelque peu ce détail, insignifiant aux yeux des autres, mais qui signait un nouveau choix auquel avait médité Bāndô. Les yeux bleus clairs de la japonaise se dévoilaient enfin au monde… Elle avait cessé de renier son métissage… En réalité, elle claquait définitivement la porte à l’autorité de son père, qui des années durant, refusa de se montrer avec une telle enfant. De nombreux changements s’étaient opérés dans sa tête durant son exil… Peu à peu, on les découvrirait, avec stupéfaction, ou avec horreur…
Nathanaëlle mit fin à l’incompréhension d’Andrew, pointant du doigt la souffrance de la nippone, que cette dernière refusait d’admettre… Entendre cela de la bouche de la française la transcenda : basculant la tête en arrière, Bāndô ferma les yeux : elle respirait lentement… Se redressant, elle se tourna vers Nathanaëlle… Son sabre en main, elle le brandit, avant de l’abattre sur l’adolescente, qui échappa in extremis à une démembrement : elle pouvait remercier le ciel du trouble qu’elle avait fait naître dans l’esprit d’Urushima. Celle-ci manqua son coup, déstabilisée par son marasme, mais aussi, ralentie par sa conscience qui revenait d’outre tombe, lui chuchotant dans le creux de l’oreille ce que représentait cette fille pour elle.

Bāndô gardait ses mains fermées sur la garde de son sabre, la lame ayant pénétré de quelques millimètres le béton. Ses épaules tremblaient ; on ne voyait alors pas son visage, caché par ses cheveux… Après un silence, elle se releva enfin, mais ce fut pour s’effacer à nouveau car elle se laissa tomber à genoux devant Andrew ; elle lui tendait le manche de son katana, orchestrant sa propre décapitation.

Elle l’avait délaissé…
Jamais elle n’aurait fait cela auparavant ; une simple bavure de sa part et elle suppliait à ses anciens boss de la pardonner. La nippone avait fait l’impensable pour un sous-fifre, le code d’honneur voulait qu’elle le paie de son sang…
Alors qu’elle ne pensait qu’a Andrew, son cœur battait à n’en plus finir… Ses désirs avaient été refoulés pour laisser place à la convention du gang. Elle faisait abstraction totale du bonheur qui surnageait parmi les cendres de son désespoir, encore présent dans son esprit… Ce bonheur…du au simple fait de revoir celui à qui elle avait promis entière dévotion…

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Shinya entendait dans le lointain des voix, celles des trois élèves à l’extérieur de l’usine. Elle était au bord de l’évanouissement, le fait d’avoir quitté l’hôpital, ôté les perfusions qui la soignaient et voulut marcher seule l’avait affaiblie. Elle avait même l’impression que la plaie de son abdomen s’était rouverte. Mais une chose qu’elle ne pouvait pas supporter, c’était de rester passive. Elle ne voyait rien de ce qui se passait à l’extérieur et son corps sembla décider tout seul d’aller jeter un coup d’œil.

Elle dégringola du bureau avec un gémissement étouffé et commença à avancer à quatre pattes vers la porte. Elle coupait sa respiration comme si ça allait empêcher la douleur de se propager dans ses membres mais en vain. Au prix d’un effort continu, elle atteint la porte. Elle leva sa main tremblante qui se posa sur la poignée. Relâchant tout son corps, elle s’affala sur la porte qui s’ouvrit à la volée la jetant sur le seuil.

Shinya ne comprit pas trop la scène qui se déroulait devant son regard embué. Bandô au sol et… Elle ne distinguait pas vraiment les formes et les corps. Shinya savait qu’elle avait l’air et était sans défense, elle n’allait pas tarder à sombrer dans l’inconscience mais ne voulait pas perdre le contrôle. Elle dit d’une voix dont la faiblesse l’étonna elle même :

« C’est pas elle. Elle n’a rien fait… »

Ses paroles pouvaient ressembler à un délire causé par la fièvre mais en fait elle parlait de Bandô. Persuadée qu’Andrew avait deviné ou appris l’origine des blessures de sa proxenète, Shinya voulait disculper son amie de façon assez maladroite et à la fois inaperçue. Les protagonistes n’entendraient ou ne comprendraient probablement pas le sens de ses mots.

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Nathanaëlle en tremblait presque, tant ce qui se passait la troublait. Elle avait peur, peur pour elle même, peur pour Bandô, peur de ce qu'elle pourrait voir en restant ici.

Une partie d'elle même la poussait à s'enfuir le plus loin et le plus vite possible, de s'enfermer chez elle, et d'y rester jusqu'à ce qu'elle apprenne par la bouche de quelqu'un d'autre ce qui s'etait passé.
L'autre partie d'elle même lui ordonnait de rester là, et de ne pas rester immobile, de se bouger afin d'arreter cette comedie. Elle ne pouvait rester sans rien faire, alors qu'un drame se jouait devant ses yeux.

La française capta le message silencieux que voulait lui faire passer Bandô, mais elle ne pouvait se resoudre à l'abandonner. Pourtant, quelqu'un d'autre etait en train de mourir.
Elle n'eut pas l'occasion de reflechir davantage, car Bandô l'attaquait deja avec son sabre, aussi recula-t-elle d'un pas, avant de se precipiter vers la porte menant à la piece où la blessée avait été emmenée. Mais la porte s'ouvrit d'un coup, et la jeune japonaise tomba à terre, le visage aussi blanc qu'un drap, les traits tirés par la douleur. Nathanaëlle s'accroupit et l'entoura de ses bras, lui chuchotant de ne pas bouger. Elle lui mit la main sur le front, et realisa que la nippone etait brulante de fievre. Elle jeta un coup d'oeil affolé autour d'elle, et se leva pour penetrer dans la piece où la blessée se trouvait. Ce qu'elle y vit la petrifia d'horreur, et elle dut se retenir pour ne pas hurler.

Un corps, sans tête. Du sang, partout. Et cette odeur... de mort.

Nathanaëlle eut du mal à detourner les yeux de cette vision, et s'empara plutôt de la malette qu'agrippait encore la main du cadavre. Elle l'ouvrit, s'empara d'une seringue, d'un flacon de morphine, et revint vers la blessée dont elle prit le bras avec douceur mais fermeté. Elle dechira un morceau de son t-shirt, et s'en servit pour entourer le haut du bras de la demoiselle. Tout en otant le capuchon de la seringue, elle tapota sur le bras, faisant ressortir les veines, puis planta l'aiguille de la seringue pleine de morphine dans le bras de la blessée, louant le ciel de lui avoir permis d'assister à des scenes de shoot.

En relevant les yeux, elle constata que Bandô offrait à son boss l'occasion de se debarasser d'elle, et elle voulut se precipiter, mais à cet instant la blessée murmura des paroles qui n'eurent au debut aucun sens pour Nathanaëlle. Mais qui prirent ensuite une signification. Et Nathanaëlle comprit ce qu'il se passait.

Elle ne pouvait pas rester sans rien faire.

Elle se releva, et courut vers Andrew et Bandô, avant de s'interposer entre eux, protegant la japonaise de son propre corps.

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Les yeux bleu glace de l'Anglais étaient profondement accrochés a ceux, changés, de son bras droit, Bandô avait des yeux... Etranges. En plus de leurs couleurs qui avaient prit une teinte bleuté, il n'y avait plus que le vide, froid et silencieux, tout comme son étre, Andrew ne reconnaissait plus celle qui une semaine auparavant se trouvait avec lui, dans cette cellule delabré d'un commisariat totalement eutanasier par la folie de cette jeune fille. Il ne bougea pas, quite a mourir, autant que ce soit de la main de celle, qui l'avait deja tué interieurement. Difficile a admettre ce sentiment etrange qui l'avait envahit, alors qu'elle avait ligotée cette flicaille sur le sol de cette celule, diificile de croire que ce gars, obnubilé par son profit et le devellopement de son empire, avait put... Put quoi au final?... Bandô, étre aux multiples facettes, venait de l'abandonner, abandonner durant un temps le club, mais pire que tout autre chose, elle avait baclé son coeur, jeté a terre ce muscle que l'Angalis croyait mort et entéré, et pour finalement le pietiner, mettant a mal un homme qui se pensait hors d'atteinte de ce genre de sentiment...

La lame du Katana se baissa alors lentement, les yeux du British suivant son evolution, pour finalement voir Bandô se diriger vers la francaise qui n'avait pas bougait du coffre, trops horrifié pour pouvoir le faire, ou simplement depassée par ce qui était en train de se passer sous ses yeux de petites etudiente, bien loin de connaitre le monde sombre dans lequel elle venait de debarquer de force... Bandô s'en approcha, lentement, mecaniquement méme, comme porté par un étrange pouvoir qui depassait ce que pouvait croire Andrew, qui était la, arme au poing, coeur arraché et souffrant, les yeux eteints, posés sur la machine a tuer, sur Cerbére, sur... Elle, elle qui aujourd'hui comptait une place bien importante, bien trops importante, bien plus qu'il ne voulait ce l'admettre... Il la regardait, ne pouvant detacher ses yeux d'elle, la laissant jeter hors du vehicule la francaise, malgrés ses ordres... Oui Cerbére était revenue des enfers, les vrais, ceux qui vous change a jamais, ceux dans lesquels on meurs, que ce soit d'esprit ou de corps... Elle était amaigrie, et de nouveau tatouages étaient la, mais c'était intérieurement que les changements étaient les plus consequents...

Tout comme lui d'ailleurs, sans s'en rendre compte ou se l'avouer, l'absence de la furie l'avait affecté, bien trops d'ailleurs, cherchant par tout les moyens a la retrouver, quite a se mettre en dangers pour cela, quite a y laisser la vie, tout en sachant cette gamine en securité... Mais Bandô ne serait jamais en securité de toute maniére, son principale ennemis etant elle méme, cette autodestruction avait commencé doucement, et un evenement en avait acceleré le processus... Mais quoi?
C'est la qu'il ressortit de ses pensées, regardant a nouveau la jeune femme, qui maintenant lever rapidement la lame meutriére sur la francaise, pour l'abaisser avec dexterité.. s'en était finit de la natural, taillé en deux par le Katana... Mais non... Elle avait echapée par un miracle inconnu a la mort glacial, Bandô ayat raté sa cible..; Mais pourquoi? Comment?

Les epaules de Cerbére bougeaient, comme convulsant, mais lentement elle se tourna vers lui, et s'approcha, pareil a un zombie, et finit par s'accroupir face a lui, se laissant tomber lourdement sur le sol, la téte baissé, la garde de son sabre vers lui, signe de soumission et de don du sang dans le pays d'origine de la muse... Andrew baissa lentement les yeux vers elle, regardant cette téte, changeait mais a la fois familiére... Comme elle lui avait manqué, des jours sans nouvelles, et ces retrouvailles là ne marquait que le glas d'un Boss et de son Bras droit, s'interdisant l'un et l'autre de n'étre que des humains, eprouvant des sentiments forts et étranges l'un pour l'autre... Le britanique ne pouvait bouger, saisit de la revoir, mais pas dans telle circonstences... C'est un bruit de metal sur un autre qui detourna un moment son attention, il leva un instant les yeux, pour voir Shinya, au sol, murmurant des mots qui étaient lourds de sens, mais qui n'en avaient aucun pour lui a ce moment la, sauf que... Le puzzle se mit lentement en place, des piéces manquante venant s'incorporer dans l'histoire de la fusillade contre sa proxénéte... Il reposa lentement les yeux sur Bandô, mais elle gardait les siens braqués vers le sol... Il serra lentement ses doigts sur le calibre, cherchant a savoir ce qu'il en retournait... Lentement il se saisit de l'arme ancestrale et si théatrale, prenant de sa poigne la garde decoré du sabre.... Il regarda la lame, affutée...

C'est alors que le corps de la francaise se posa entre eux, jouant a nouveau la bonn samaritaine, pathétique image que celle de cette enfant qui n'avait rien compris de cette relation des plus étranges entre ces deux étre la... Mais comment lui en vouloir, lui méme n'y conprenait pas grand chose... D'un geste, la crosse vient frapper la joue de la francaise, laissant ainsi la place a andrew pour venir s'approcher de Bandô, la depassant méme avant de s'arreter a coté d'elle, et s'accroupir...

- Crois tu que j'en sois capable? Alors tu n'as rien compris... Tu m'as tué, tu as tué ce qui restait d'humain en moi Urushima, tu as bafoué le clan, mais plus important encore, c'est moi que tu as meurtrie... Tu m'as abandonné, et baffoué ce.... Laisse tomber.

La voix de l'Anglais était glacial, mais triste et si faible, il se contenait, non il ne se montrerait pas faible, jamais!!!

- Reprend ton rang Urushima...

Sur ce il lanca au loin le Katana, se rendant directement vers son bureau, seul, passant au coté de Shinya..; Il se tourna vers son bras droit, difficilement il posa a nouveau ses yeux sur elle...

- Amene la sur le divan du salon, elle a besoin de repos... et fait ce que bon te semble de l'autre conasse, mais qu'elle ne s'avise plus jamais se meler de nos affaire ou ke lui fait la peau...

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Les gémissements de Shinya ne parvinrent pas aux oreilles de Bāndô, qui l’aurais sûrement attaqué pour avoir tenté de masquer une vérité qui tôt ou tard, allait se savoir… Nathanaëlle se hâta de soigner la mourante, mais lorsqu’elle vit la scène de décapitation qui était sur le point de commencer, elle ne réfléchit pas et s’interposa entre le boss et son bras droit. Urushima releva les yeux vers la française ; une vague d’incompréhension la submergea… elle en oublia presque qui était cette fille… pourquoi se dévouait-elle tant à sauver la nippone qu’elle connaissait à peine ? Et de qui plus est, n’avait pas toujours été tendre avec cette adolescente pourtant débordante de bonne volonté…
Mais la rage prit rapidement le dessus ; elle lui interdisait d’intervenir : comment avait-elle osé ? Les faits et geste d’Andrew sauvèrent la mise de Nathanaëlle, qu’elle aurait volontiers découpée en deux à ce moment là.
Urushima laissait enfin les émotions réanimer la souche morte qu’était son âme : mais à quel prix ? La première invitée était la tristesse en personne : elle venait d’accabler plus encore ce personnage démoli moralement par les récents événements. Pire était ce châtiment là, qu’une décapitation pure et simple. Bāndô aurait préféré mourir des mains de son boss plutôt que d’entendre de telles paroles, qui furent autant de lames qui finissaient d’écorcher son être déjà en lambeaux… Oui. Elle le croyait capable de la tuer, car si il aurait saisi le personnage, l’anglais aurait compris ô combien il était blessant et humiliant d’ainsi se faire accabler, à un point tel que se donner la mort était une finalité envisageable au discours d’Andrew.
Urushima laissa un silence de mort suivre les mots tranchants de son boss. Mais soudain, ses poings s’abattirent violemment sur le sol : la japonaise, recroquevillée, tremblait encore, non de faiblesse cette fois-ci, mais bien de rage. Elle lui en voulait…elle en voulait à la terre entière… ne pouvait-on donc pas la laisser en paix ? Etait-elle condamnée à ressentir les maux de cette planète ? Son esprit malade était las de chercher qui était le fautif, elle devait peut-être s’en prendre à elle-même…

« C’EST TOI ! C’est toi…. Tu es… détestable… »

Agenouillée au sol, les poings à terre, Bāndô venait enfin de briser les chaînes du silence pour pointer du doigt la culpabilité d’Andrew. Elle s’en était prit à Shinya car jamais elle n’oserait lever la main sur celui qu’elle portait dans son cœur, cette relique inestimable… Et pour une première fois, elle s’asseyait sur la hiérarchie, cessant pour cette prise de parole, de le tutoyer, alors qu’en présence d’autres personnes, Shinya ou non, elle le vouvoyait, tenant à marquer la distance qu’il y avait entre eux. Distance fictive pour qu’on ne se soucie pas du rapprochement qui s’opérait entre ces deux êtres…
Elle lui en voulait d’avoir couché avec sa seule amie, cette dernière devant être une parmi tant d’autre. Cette acte l’avait blessée, et ouvert à vif ses plaies qui faisaient d’elle l’incarnation même de la folie.
Se relevant enfin, Bāndô décida s’arma d’un masque ; elle tenta de ne pas montrer son malaise.

« Je ne te décevrais plus… »

S’avançant vers son arme, elle la reprit, avant de se tourner vers Nathanaëlle.

« Merci… Pour tout… »

Cela ressemblait à des adieux…
Urushima disparut dans l’ombre d’un hangar, laissant les trois protagonistes, seuls…

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La française était juste devant elle et elle la prit dans ses bras. Elle la repoussa mollement tandis qu’elle remarquait qu’elle avait de la fièvre. Ses mains tentaient de frapper Mère Thérésa mais elle ne l’atteignait évidemment pas et même elle était si faible que ça aurait plus ressemblé à des caresses. D’une voix enrouée elle balbutia :

« Lâche-moi… Conasse… J’vais bi… »

La fille la lâcha. Shinya se retrouva contre le sol froid, la douleur ne la quittait plus. Elle luttait à chaque instant pour ne pas tomber dans l’inconscient. Une certitude lointaine lui disait qu’elle ne se réveillerait pas, qu’elle crèverait ici sur le bitume à côté du corps décapité de Bandô… Mais elle sentit l’aiguille dans son bras, elle leva les yeux sur sa bonne samaritaine. Elle n’avait même plus la force de résister, seul son regard montrait à la jeune femme qu’elle n’appréciait pas sa pitié et son aide.

Sa faiblesse la mettait hors d’elle, elle en voulait à Bandô pour la première fois. Pour ne pas l’avoir écoutée pour ne pas l’avoir entendue, elle n’avait pas voulu lui faire de mal mais à présent elle en était presque satisfaite. Son amie était incapable d’éprouver des sentiments, ou du moins elle le croyait. Et il se trouvait qu’elle avait, par un malheureux hasard, rencontré celui que son amie semblait aimer. Lequel ? Shinya l’ignorait. Mais en cet instant, alors que la morphine commençait à l’envelopper et à estomper la douleur, Shinya avait envie de rire. Rire de son amie Bandô qui semblait tout rater ces temps-ci. Ses sentiments dévoilés, voilà une faiblesse qu’elle ne se pardonnait certainement pas. Une vengeance ratée, même dans cet état la nipponne vivait…

La scène qui se déroulait, elle ne la vit pas. La morphine l’anesthésiait totalement. Tout semblait se passer au ralenti, elle voyait flou. Elle resta de longs instants contre le sol, quand elle sentit une présence à ses côtés. La voix du boss, lointaine mais rassurante…

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La douleur, à nouveau. Une fois de plus, le voyou aux yeux de glaçe leva la main sur elle, et elle se retrouva à terre, sonnée. La tête lui tournait, elle n'y voyait plus très clair, et la nausée commencait à lui monter. Tout tanguait autour d'elle. Le sol faisait des vagues, et le plafond se rapprochait. Elle dut fermer les yeux, et attendre que tout se calme. Et elle sentit quelque chose de chaud couler le long de sa joue. En levant la main, les yeux toujours fermés, elle sentit une liquide poisseux qui deja degoulinait dans son cou. Et lorsque ses prunelles noisettes se poserent sur ses doigts, elle vit du sang. Quelques gouttes tomberent à terre, et une nouvelle vague de douleur la submergea.

Nathanaëlle avait la joue serieusement amochée, l'os de sa pomette lui semblait avoir eclatée sous le choc, et elle avait du mal à ne pas rouler sur le dos pour s'evanouir. Mais elle ne devait pas flancher. Parceque si elle flanchait, tout ce qui s'etait passé jusqu'à present n'aura servi à rien. Et elle ne voulait pas s'endormir ce soir en ayant eu l'impression d'avoir raté la seule chose qui ait eu de l'important à ses yeux depuis longtemps.

Elle ne s'en sentait pas capable.

Elle tenta d'essuyer le sang qui maculait son visage, et leva les yeux vers le voyou, qui glissait quelques mots à Bandô, avant de s'eloigner, froid, et dur, comme la mort. Bandô eut alors une reaction qui surprit Nathanaëlle, mais qui ne put la decider à se relever, tant la tête lui tournait. Ce fut les adieux de Bandô, qui la deciderent.

Tremblante, elle se releva, un haut le coeur la prenant à la gorge, et elle resta là, à contempler celle qui n'avait pas été son amie, mais qui lui avait appris quelque chose que Nathanaëlle s'appretait à mettre en pratique.
Elle ramassa une canette vide qui trainait par terre, et la jeta en direction de Bandô, sans même parvenir à la toucher tant elle avait la tête qui tournait.

" Idiote! Tu n'es qu'une idiote! Tu crois vraiment, qu'en agissant de la sorte, en dissimulant tout ton être, tu parviendras à survivre? Ce n'est pas comme ca que ca marche! Imbecile! "

Elle fit quelques pas en avant.

" Bandô, tu n'es qu'une conne! Ce qui se passe, ca ne se passerait pas si vous acceptiez ce qui est en vous. Vous etes tous... cons! Tous! Toi, et ce badboy de mes deux! "

Les larmes se melèrent au sang qui coulait sur son visage, et ses jambes flagolèrent avant de lacher. Elle retomba à terre.

" Quand on aime, on le dit... C'est pourtant pas si compliqué! Bande de nuls! " cria-t-elle.