Razzia à la librarie [Rés. Chris K. <3]

Invité

Quelle idée complètement entièrement démesurément idiote que d'avoir voulu faire des études de Lettres. Non mais sincèrement, que pouvait-on bien faire à lire des livres et des livres dont on ne reparlera jamais et qui ne servent à rien ? Jazz aurait mieux fait de faire des études de caissière - comment ça on ne fait pas d'études de caissière ? - ça lui aurait posé moins de problèmes ! Voilà ce qu'elle était en train de se dire alors qu'elle essayait tant bien que mal de voir où elle allait, le visage caché sous une pile de livres énormes qu'il fallait qu'elle achète pour ses cours à Harvard. Le mois de Septembre était une horreur pour les libraires, certainement, mais ceux-ci ne pensaient-ils jamais aux étudiants qui se trimballait avec l'équivalent de deux éléphants d'afrique plus un hippopotame laosien dans les bras ?

Nietzsche, Appolinaire, Jane Austen, Poe, Comment bien déchiffrer un texte ?, Paul Auster... Et la liste ne cessait de s'agrandir à mesure que Jazz trouvait dans les rayonnages un livre demandé.

Cela faisait maintenant trois semaines qu'elle était de retour à Harvard après avoir passé ses vacances à Santa Barbara. Elle en était revenu avec un léger bronzage et des cheveux éclaircis par le soleil. Le retour à la vie étudiante avait été difficile, surtout du point de vue du travail. Même si elle n'avait pas un besoin important de travail, Jazz devait néanmoins fournir un minimum syndical, et elle n'avait pas eu le courage de le faire jusqu'à maintenant. D'ailleurs, elle aurait dû acheter ces ouvrages plus tôt mais elle avait préféré flâner dans les rues de Cambridge tant qu'il faisait encore un peu chaud. Maintenant la température avait fraîchi et elle s'était trouvé devant son bureau vide, signal urgent qu'il lui fallait se remettre au travail. Sa première étape avait donc été de venir à la librairie, acheter de quoi suivre ses cours de Lettres ; et à cet instant, elle marchait avec une pile d'ouvrages en équilibre précaire sur ses bras.

"NOM DE DIEU ! " hurla-t-elle lorsqu'elle trébucha sur quelque chose et envoya voler la vingtaine de livres si soigneusement amassés. Elle tomba avec sa cargaison et se retrouva à plat ventre sur le sol, pile à la bonne hauteur pour contempler les moutons de poussière amassés sous les étagères.

*Erk.*

Invité

« Désolé mais nous n’avons pas cette pièce de théâtre. Vous pouvez me rappeler le nom de l’auteur ? »

Chris leva sa main droite d’un air condescendant tout en fermant brièvement les yeux comme s’il suppliait la bibliothécaire de ne pas insister. Combien de fois lui avait-il répété qu’il cherchait une œuvre de Jean Rotrou ? A quoi bon les compter…Une personne d’une telle ignorance à la tête de la Bibliothèque d’Harvard était tout simplement, selon lui, une honte, d’autant plus si l’on considérait l’accoutrement de cette quadragénaire. Des couleurs flashies aveuglantes, des motifs à fleurs complètement démodés, et comble de tout, un chewing gum dans la bouche : l’incarnation même du manque d’élégance. Bien entendu, l’égo démesuré du jeune Keller ne pouvait supporter ce genre de compagnie. A la limite, si elle avait été de son âge, peut-être aurait-il passer la nuit avec elle, et encore, avec une telle conception de la mode, il aurait peut-être fallu le payer. Sans perdre plus de temps, il rebroussa donc chemin abandonnant furtivement le bâtiment sous le regard hagard de la bibliothécaire. Jamais elle n’avait eu affaire à un garçon d’une telle insolence et Chris s’en réjouissait inconsciemment : il était désormais certain qu’elle ne l’oublierait pas de si tôt.

Tout naturellement, Chris se dirigea alors vers l’immense Centre Commercial, édifice accueillant la plus grande des librairies du coin. Il était presque assuré de trouver son bonheur là-bas, néanmoins, il refusait souvent d’y aller - et par-dessus tout en septembre, parce que la horde d’étudiants déjà anxieux le mettait souvent en rogne. Chris n’avait pas la même conception de l’éducation que ce genre de « moutons ». Travailler seul, apprendre seul, lire ce que l’on veut quand on veut, telle était sa devise. Alors bien sur, aux yeux des autres qui le connaissaient souvent pour sa réputation de rebelle incorrigible, Chris passait souvent pour le « bêta » de service. Lorsqu’il pénétra dans l’enceinte de la librairie, une multitude de regards se postèrent sur lui, comme si un miracle venait de se produire, comme si Chris voulait devenir « intelligent » . Il se contenta de soupirer devant tant de préjugés et continua sa course jusqu’au rayon tant recherché. Et quel prodige ! Enfin il avait satisfait ses désirs, pas trop tôt. Après s’être emparé du Véritable Saint Genest, une pièce probablement inconnue pour la majorité des étudiants, Chris comptait bien se diriger vers la caisse pour en finir avec ce supplice.

Néanmoins, un évènement inattendu vint changer la donne. Une jeune femme venait de faire un vol plané sur le sol à quelques mètres seulement de lui. En fait, ce qui avait tout d’abord attiré l’attention de Keller, c’était surtout la tonne de livres qu’elle transportait. Pas étonnant que sa course ait fini par une jolie acrobatie. Chris s’approcha calmement et s’accroupit pour jeter un œil aux différentes œuvres étalées sur le sol sans accorder la moindre importance à la malheureuse. Pinçant ses lèvres et fronçant ses sourcils comme s’il était dans une pleine réflexion, il confectionna silencieusement deux piles bien distinctes, avant de s’expliquer, le regard fuyant :

« Pile de gauche, à lire absolument. Pile de droite, à éviter à moins que tu t’ennuis à mourir, et encore… »

Il se releva alors en lui tendant la main pour l’aider à se relever. Oui, c’était rare, mais Chris était parfois conciliant, surtout lorsqu’il rencontrait quelqu’un appréciant, visiblement, la lecture tout autant que lui. Il lui devait le respect après tout, car c’était bien cela, cette arrogance maladive, qu’on lui reprochait souvent ? Portant un regard discret sur la jeune femme, il remarqua très vite qu’il avait sous-estimé sa beauté en privilégiant ses bouquins.

« Moi, c’est Chris » ajouta-t-il avec un sourire naturel

Invité

Jazz posa ses paumes à plat sur la moquette graisseuse de la libraire. Comment une moquette pouvait être graisseuse, elle l'ignorait, mais ce que lui indiquaient les petits capteurs de ses mains était bien une sensation légèrement écoeurante d'avoir les mains glissant sur de l'huile de voiture. Sur ces considérations peu ragoutantes, elle frotta ses mains sur son jean quand un jeune homme s'agenouilla à côté d'elle et se mit à frénétiquement classer sa liste de livre en deux piles. Encore un huluberlu, pensa-t-elle en le regardant avec intérêt dans son classement méthodique.

Elle ne parvint pas à croiser son regard, celui-ci l'évitant avec tout autant de tact, mais elle put néanmoins se saisir de sa main pour reprendre la position caractéristique à la race des bipèdes. Epoussetant son jean du bout des doigts, elle désigna la pile d'ouvrages d'un geste du menton, et lança, non sans humour :

"Wow. On dirait Manichée !"

Ahah.

No comment, Jazz et son humour étaient souvent incompris.

Après une attention prolongée sur celui qui l'avait ramassé, elle constata qu'il était plutôt renfermé, et au vu des regards que l'on posait sur lui, ce devait être un de ces bad boys réputés dans le coin pour appartenir au clan des Gammas. A vrai dire, Jazz n'avait jamais vraiment fait attention à ces phénomènes si craints dans le quartier, et d'ailleurs, elle n'en avait jamais véritablement remarqué un. Il est vrai que le niveau d'attention permanent de l'étudiante étant relativement bas, elle ne s'attardait pas vraiment sur le superficiel mais plutôt sur l'essentiel, à savoir la couleur des chaussures. Passons ce détail. Le dénomé Chris ne présentait aucune caractéristique de cette catégorie si rechignée (piercings nombreux, tatouages gigantesque, coiffure fantasque, pantalon aux genoux...) , si ce n'était son air renfrogné.

"Et moi Jazz," répondit-elle, et avant que lui-même ne puisse dire quelque chose, elle ajouta, "Oui comme le Blues et la Java, mais j'aime à penser que je suis la plus marrante des trois."

Ahah.

No comment. Comme dit précédemment, l'humour de Jazz laisse à désirer.

» Chris Perri
» Cocktails [PV Chris]
» [pv Chris Grant]
» Chris Burnett
» Chris Keller