~> INVASION

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Chris était..déçu..non..plutôt triste par l'attitude de la demoiselle à vouloir continuellement le repousser. Mais il avait fait ce qu'il avait pu, il ne pouvait rien faire d'autre.
Il était tard maintenant, Sam était partit, tout le monde était fatigué car la journée avait été éprouvante. Christopher ne savait trop quoi dire à la jeune fille, et ne chercha même plus.
Il sortit quelques minutes de la pièce, laissant Bando seule. Il alla à la cuisine et remplit un verre d'eau qu'il but d'une traite, puis en apporta un à la jeune blessée et le posa sur la table de nuit:

"Tiens, si cette nuit tu as mal, t'es cachets sont à côté du verre..."

Chris resta planté là, attendant une parole, ne sachant pas si elle viendrait d'ailleurs.
Bando était dans sa chambre, il allait donc surement la laisser seule cette nuit, elle avait besoin de se reposer et il n'allait quand même pas la changer de chambre juste pour ça. Ca n'avait pas grand intêret.
Il ouvrit un placard et en sortit une grand couverture:

"Voilà -dit-il en lui posant sur elle- bonne nuit..."

Sa voix était assez monotone, ou plutôt éteinte. Il ne savait plus quoi lui dire au risque de ce faire rabrouer. Il aimait bien la jeune fille, mais ce n'était apparement pas tellement réciproque.
Il commença à sortir de la pièce lentement, posant son doight sur l'interrupteur:

"Au faite, il est vrai que ça aurait peut-être été mieux pour toi d'aller à l'hosto comme tu dit, mais ça ne m'a pas déranger de t'aider, comprends bien cela."

Il appuya sur l'interrupteur; la lumière s'éteignit mais il resta dans l'encadrement de la porte.
Pourquoi restait-il "gentil" avec elle alors qu'elle ne semblait pas en avoir envie?! Il n'en savait rien, c'était peut-être dans sa nature. Pourtant non, il n'était pas tellement sociable, il n'y avait qu'avec certaines personnes que ça "accrochait", les autres il n'y prêtait pas vraiment attention. Enfin bon...il était comme ça, on ne change pas du jour au lendemain...

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La déception de Chris était palpable ; malgré son épuisement, Bāndô le ressentit bien, la mine du professeur était déconfite, et son timbre de voix, complètement éteint. Pourtant elle n’avait pas l’impression d’avoir été dure… C’était peut-être dans sa manière de parler…
Urushima ne pouvait pas changer, les concessions n’étant pas son registre, mais elle pouvait faire l’effort de montrer sa reconnaissance. Il était temps pour elle qu’elle cesse son jeu d’ingrat personnage. Cela allait avec les personnes dont elle se fichait, mais Chris était la seule personne à avoir fait preuve d’autant de générosité avec elle…

Fixant la silhouette de l’homme dans l’encadrement de la porte, Bāndô eut un pincement au cœur, cet artéfact mort et enterré.

« Viens… »

Elle tendit la main et lorsqu’il s’approcha, il n’eut le temps de comprendre qu’elle le ramena sur le lit, le faisant s’allonger à ses côtés. Toujours dos à lui, Urushima se saisit des mains de Chris ; elle guida les bras du professeur, qui se refermaient alors son ventre, l’enlaçant : la nippone avait besoin de cette chaleur humaine qu’elle n’avait pas eu durant son enfance...

« Tes enfants auront de la chance de t’avoir comme père… »

Un faible sourire aux lèvres, Bāndô fixait la nuit bleutée à travers la fenêtre…

« Le monde doit t’apprécier… J’espère que tu ne tomberas pas deux fois sur des gens comme moi… Gâcher ta générosité… Je suis vraiment incurable… je peux rien y faire… c’est comme ça… »

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Chris allait fermer la porte quand la jeune fille le rappela à son chevet. Devait-il y aller ou faire simplement comme s'il n'avait rien entendu? Il se décida à y retourner, ne sachant trop pourquoi, peut-être parce-qu'il était attaché à elle; mais ça il ne voulait pas l'admettre.
Elle lui tendit la main, qu'il saisit délicatement; et sans vraiment comprendre ce qui se passait, il s'allongea à ses cotés. Elle lui fit comprendre d'un geste qu'elle voulait qu'il l'enserre. Il hésita quelques secondes mais finit par passer ses bras autour d'elle, son buste collé contre son dos.

Il ne l'avait jamais vu ainsi, mais pour une fois il était bien auprès d'elle. Ce n'était absolument pas une attirance...physique qu'il éprouvait, ni sentimentale au sens où l'on pourrait l'entendre communément, mais il était bien.
D'un coup de pied il retira ses chaussures, évitant de salir le peu de dras propres qu'il restait après "l'incident", et calla sa tête sur l'oreiller.

"Merci Bando. Tu sais..., je ne suis pas sûr que les "gens comme toi" gâchent pas générosité comme tu dis, du moins pas quand ils sont comme ça...comme maintenant."

La jeune nippone avait dû avoir une enfance quelque peu malheureuse, elle ne devait pas forcément connaître toutes ces petites intentions que les gens pouvaient avoir les uns envers les autres. Mais pourtant, lui était capable de lui montrer, il fallait simplement qu'elle lui en laisse l'occasion.
Il ne dit plus rien, ne prononça pas un mot, et finit par s'endormir comme ça, couché près de Bando.

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Bāndô se sentait en sécurité dans les bras de Chris… Cela n’avait rien à voir avec le genre de rapports qu’elle aurait pu avoir avec un petit ami. A dix huit ans, elle compensait l’amour paternel et maternelle auquel elle n’eut droit.

« C’est difficile… je ne peux pas te faire confiance… »

A chaque fois qu’elle avait réussi à s’ouvrir à une personne, elle finissait déçue ; elle n’accordait désormais plus sa confiance aux êtres humains, les voyant comme des égoïstes qui ne servaient que leur intérêt personnel… Mais voilà que Chris s’était endormi… Il devinait bien le mal-être de l’adolescente : même avec ses amis, elle ne faisait jamais preuve d’affection, c’était un terrain totalement inconnu d’elle… Quant à ses relations amoureuses, on ne pouvait pas parler de sentiments ; elle choisissait ses amants pour le sexe. Donc encore une fois, aucune marque d’affection…
Urushima se retourna vers Chris : alors qu’il sommeillait profondément, elle le regarda longuement… La nippone posa sa main sur la joue du professeur, la faisant glisser vers son torse.
Elle referma son poing : Non, il n’était pas un de ces fantômes qu’elle oubliait en une journée, ceux là qui partageait son lit pour le sexe. Bāndô s’endormie à son tour, lovée dans cette chaleur humaine, nouvelle pour elle…

La japonaise, à travers ses rêves, se demandait alors comment ils en étaient arrivés là. Elle l’avait agressé, roulé dans la boue devant ces élèves en lui parlant comme s’il était un sous être, elle l’avait volé, extorqué d’un repas, et maintenant, elle investissait son studio.
En retour, il l’avait accueilli mais aussi, il lui avait promis qu’elle ne serait pas livrée à la police… Il lui faudrait du temps pour comprendre qu’il n’était pas hypocrite : Chris était simplement un bon et honnête…

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Chris se réveilla de nombreuses fois, inconsiemment il savait qu'il avait Bando à ses côtés et il s'empêchait de trop bouger pour ne pas la déranger. Après l'accident d'hier soir, elle devait être fatiguée, ils avaient besoin tout les deux de sommeil. La jeune nippone était toujours contre lui, elle semblait ne pas avoir bougé, elle semblait même plus sereine que d'ordinaire. Chris se passa la main sur son visage, il jeta un regard au réveil qui indiquait: "03h37". Pas encore l'heure de se lever, en même temps il n'en avait pas vraiment envie mais il détestait rester au lit quand il n'arrivait plus à dormir. Pourtant, cette fois il resta, il finirait bien par ce rendormir de toutes manières, lui aussi était épuisé.

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Un rayon de soleil éclairait le visage du rouquin. Il plissa les paupières sous la luminosité. Finalement il s'était rendormi, il en avait besoin. La jeune fille était toujours contre lui et ne semblait pas prête à se réveiller dans l'immédiat. Quoique ça n'allait peut-être pas tarder; dans leur précipitation d'hier soir, ils avaient oublié de fermer les volets ce qui permettait au Soleil de venir illuminer la pièce.

Chris baîlla doucement, il n'avait pas si mal dormit que ça bien qu'il s'était réveillé plusieurs fois. Son bras entoura toujours Bando, s'il l'enlevait elle se réveillerait certainement, et ce n'était pas son intention. Il resta donc ainsi pendant plusieurs minutes, réféchissant à ce qui c'était passé et à ce qu'il allait ce passer. Il comprenait bien la réticence de Bando à pouvoir se livrer, elle ne faisait plus tellement confiance aux gens. Pourtant, certains n'avait pas de mauvaises intentions, il fallait qu'elle le comprenne, mais ce n'est qu'avec le temps qu'elle y arriverait.

D'une main il attrapa son bouquin qui était sur sa table de nuit et l'ouvrit à la page où il s'était arrêté la dernière fois. Il commença à lire. Il adorait lire, et écrire d'ailleurs, c'était un plaisir qu'il s'accordait depuis qu'il était petit, mais cela prennait du temps et il n'en avait pas forcément. Mais ce matin il en avait; on était dimanche, il n'avait rien de précis à faire, donc il pouvait se permettre de lire, au moins jusqu'au réveil de Bando.

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Bāndô ouvrit enfin les yeux. Durant la nuit, la douleur l’avait réveillé et elle avait épuisé les calmants… Le premier visage qu’elle vit de cette journée, fut celui de Chris, lisant un ouvrage apparemment intéressant vu qu’il ne remarqua qu’après coup que la demoiselle s’était enfin levée. Elle ne lui adressa pas un mot, allant directement à la salle de bain : Urushima ne se pressait pas, étant encore faible, il ne fallait pas qu’elle encourage la souffrance à revenir la hanter... A peine sortie, elle enfila ses sous-vêtements, sa veste et un shorty en jean noir : Bāndô revint à la chambre, se tenant contre l’encadrement de la porte.

« Désolée… Faut que je réfléchisse… »

A nouveau, elle s’envola…

*******

Elle ne revint pas de la journée, ni le surlendemain.
Lundi : Chris n’allait pas tarder à rentrer d’Harvard.
Bāndô l’attendait au studio ; elle était assise à la table, en boxer et en t-shirt, lisant le livre que Nathanaëlle lui avait demandé de finir. A côté d’elle, un mini ventilateur en plastique, qui de part son orientation, dirigeait la fumée de la cigarette vers la fenêtre. La table avait été mise, le studio était en ordre, il sentait même les produits d’entretien…
Tableau surréaliste…

Il y avait quelque chose… c’était sûr…
Bāndô espérait que Chris ne sentirait rien lorsqu’il irait se coucher : aujourd’hui, elle avait invité Ethan à la rejoindre… Résultats des courses : les lattes du lit avaient cédés sous la violence de leur étreinte… Urushima redoutait le moment où Chris s’en apercevrait : maligne, elle avait nettoyé le studio de fond en comble, elle avait même commandé le dîner de ce soir…

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Il était plus de 18 heures quand Chris revint à son studio, il n'avait pas arrêté une seule secondes à Harvard, il avait été totalement débordé. De plus son moral en avait prit un coup: Bando était partit pendant quasiment deux jours, alors qu'elle était toujours faible, sans prévenir de son retour, même pas un coup de fil...
Il était partit à la Fac inquiet et déçu qu'elle ne comprenne pas, ou plutôt qu'elle ne le comprenne pas. Lui comprenait tout à faite qu'elle ait besoin de réfléchir, mais cela n'empêchait pas qu'elle puisse prévenir de son retour, de l'endroit où elle était et surtout de l'endroit où elle passait la nuit.

Christopher enfonça ses clès dans la serrure, mais s'aperçut que la porte était déverrouillée. Bando était-elle rentrée?
Il ouvrit la porte lentement, une bonne odeur de propretée flottait dans l'air ambiant de l'appart'. Chris fronça les sourcils en s'apercevant que tout était bien rangé, bien ordonné, cela cachait quelque chose...

Il avança dans le salon et se dirigea vers sa chambre, il posa sa sacoche sur son bureau, et retira sa veste de costume. Une bonne odeur de nourriture s'élevait maintenant, elle avait donc préparé à manger...bizarre...
Il déboutonna quelques boutons de son col de chemise pour se mettre plus à l'aise et sortit de sa chambre. Chris voulait montrer à Bando qu'il lui en voulait qu'elle l'ait laissé sans nouvelles, qu'elle soit partit si vite. Il aperçut la jeune fille assise à table, entrain de lire un bouquin.

"Bonsoir..."

Dit-il sur un ton qui ne laissait pas percevoir grand chose, comme si rien de s'était passé. Qu'avait-elle fait pendant ces deux jours? Il espèrait qu'elle ne se soit pas fait mal de nouveau.
Il jeta un regard sur ce qui était entrain de chauffer à la cuisine, cela semblait bon.

Chris s'avança comme machinalement vers son aquarium et nourrit les poissons. Il n'avait pas ouvert la bouche autre que pour la saluer.
Facher n'était pas le mot, il était heureux qu'elle soit rentrée, au moins elle était saine et sauve. Mais il s'était inquiété, et ce qui laisse place à l'inquiétude est généralement une légère colère, même de soulagement.

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Chris arriva enfin : Bāndô leva les yeux de son livre, le suivant du regard.

*** Et merde ! Non non va pas là… Suit la bonne odeur de la bouffe que maman à préparé, allez allez par là… Allez le Chris… ***

Il alla directement dans sa chambre : la nippone croisait les doigts pour qu’il ne découvre pas le leit motiv de tant de dévotion au grand ménage du studio. Urushima tendit le cou vers la pièce où il était entré, vérifiant qu’il ne s’asseye pas sur son lit.

*** YES, oh putain je m’aime, opération réussie ma chère…***

Mais voilà qu’il semblait frigide aujourd’hui… Haussant un sourcil, elle le regarda déambuler dans le studio, son enthousiasme habituel s’ayant dissipé au profit d’un beau silence qui la mit mal à l’aise. Qu’avait-elle fait de mal ? A vrai dire il ne fallait pas trop lui en vouloir si on réfléchissait un peu : elle n’avait pas eu de proches pour se soucier d’elle, personne ne tenait à elle, Bāndô n’avait donc pas l’habitude de donner des nouvelles, pour elle, il n’y avait rien de mal à s’absenter trois jours sans donner signe de vie. Elle trouvait ça normal. La japonaise manquait cruellement d’éducation, voilà tout…
Elle ne lui répondit pas tout de suite : se levant, Urushima alla derrière l’aquarium à pas de loup, en face de Chris ; elle pencha la tête pour croiser le regard du professeur, qui se perdait à travers la vitre et son lot de poissons exotiques.

« Tu nous fais du boudin ? ça s’est mal passé à l’université ? Si c’est ça dit moi ce qui va pas… ou si c’est une comme moi qui te casses les bonbons dis moi qui c’est que je lui refasse sa gueule à coup de burin, alors, c’est quoi ? »

Elle était à cent milles de penser que le problème, c’était son comportement désinvolte.

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Chris ne voulait pas rester avec une légère colère, il fallait mieux la dire, s'en débarasser vite fait pour retrouver sa joie de vivre qui lui manquait déjà. Il ne pouvait pas enterrer ça sans rien lui dire, il fallait qu'il lui en parle mais il avait peur de s'énerver alors que ce n'était absolument pas ce qu'il cherchait.
Il remarqua tout de même que la jeune fille avait saisit que quelque chose n'allait pas chez lui, quelque chose le tracassait. Bon, elle n'avait pas comprit que c'était elle, qu'il s'était inquiété, mais c'était tout de même un bon pas, elle apprenait à le connaître et à "lire" sur son visage.
Il leva à peine les yeux vers elle, il fallait bien qu'il se décide à lui parler, il n'allait pas rester muet toute la soirée! Cependant, quelque chose d'autre lui trottai dans la tête: c'était réellement curieux que tout soit si bien rangé si Bando estimait qu'elle n'avait rienà se repprocher. Ou peut-être que si, elle avait quelque chose à se repprocher mais ce n'était pas ce qu'il pensait lui, ce n'était pas son absence sans nouvelles. Que pouvat-elle avoir bien fait comme connerie qui apparement pourrait le mettre en pétard. Ce n'était pas le moment d'en remettre une couche sinon ça risquerait d'être la goutte qui faisait déborder le vase. Tant pis, il chercherait plus tard.

"Non, ça c'est assez bien passé à la Fac merci."

*Aller, dis-lui ce qui ne va pas! Aller accouche!!*

Chris s'assit sur le canapé, enfin le verbe vautrer aurait sans doute était mieux adapté à sa position. Il tourna la tête vers Bando qui s'interrogeait sur son comportement.

"Tu étais où?!! Ca ne t'es pas venu à l'idée que je me suis inquiété!!! Tu étais blessée mais tu es partie d'ici pendant 48 heures environ, il aurait pu t'arriver quelque chose, tu aurais pu me prévenir, me dire si ça allait tout de même!"

Il débita son flot de paroles d'une traite, voulant faire passer ce moment le plus rapidement et qu'ils se mettent d'accord pour pouvoir retrouver une assez bonne entente. Il ne souhaitait pas que la jeune femme ce fâche, il voulait juste lui faire comprendre, ou du mois essayer, qu'il s'était réellement inquiété pendant ces deux jours.

"Bando, tu aurais pu m'appeler, un simple coup de fil pour me dire que tu allais bien!"

Il soupira; voilà le plus gros était passé, c'était toujours ça de fait, il se sentait déjà mieux et surtout soulagé qu'elle soit rentrée en un seul morceau.