Foutus casiers!

Chloé était en train de consulter sa boite vocale lorsqu'elle se rendit à son casier. Avançant lentement, puisque concentrée sur la voix de sa mère lui demandant des nouvelles de sa "nouvelle école", elle put éviter les nombreux pieges qui se trouvaient sur le passage. Un élève qui courait et qui faillit lui foncer dessus, un autre qui, posé sur le mur les jambes allongé avait l'air de vouloir la faire tomber avec ses grands pieds, et une autre, toute excitée qui sauter partout! Si c'était ca la fac, on aurait presque dit une asile de fou, toute proportion gardée, évidemment. Mais les élèves avaient l'air heureux, alors que rien dans un jour de cours ne pouvait plaire à Chloé, pas même un énième message de son voisin lui donnant un quelcqonque rendez vous... Et dieu sait si elle adorait ces moments d'intimités...
Enfin, les messages écoutés et effacés, elle se mit à marcher plus rapidement tout en essayant d'éviter les élèves. Ce n'était pourtant pas son genre, d'éviter qui que ce soit, au contraire, mais aujourd'hui, elle ne voulait pas être la nouvelle, elle voulait juste être une personne comme une autre. Or dans un groupe d'anciens élèves d'Harvard, elle serait forcément un phénomène de cirque. Elle ne blamait pas les réactions de bisutages, puisqu'elle même avait fait ce genre de chose, mais elle n'aimait en aucun cas en être la victime. Alors rester profil bas était tout de même la meilleure chose à faire, du moins pour le moment. Elle espérait ainsi passait du statut de nouvelle arrivante au statut de membres d'un groupe sans passer par l'option "phénomène". Bien qu'elle se demandait si à la fac, les élèves testait les nouveaux. Mais elle chassa vite cette idée de sa tête, elle arrivait à son casier qui, déjà bien rempli, attendait encore quelques cahiers et autres fournitures...
Alors qu'elle allait l'ouvrir, elle sentit une énorme secousse, un élève venait de la pousser, renversant son sac, heureusement fermé. Chloé se retourna, et vit un homme assez étrange, un peu "loufoque" et solitaire. Elle en avait rarement vu des commes ca à Los Angeles, mais elle su qu'il était nouveau, l'instinct féminin sans doutes. Alors, elle qui ne voulait pas être la risée de tout le monde, connaissant rien ou presque de la vie à la faculté, elle se dit que comme premier compagnon, ce garcon serait peut être le bienvenue, en tout cas, pour cette premiere journée...
Elle ramassa son sac, se pencha vers le jeune homme tout en lui souriant et lui dit :

- Excuse moi, je suis vraiment désolée, j'espère que je ne t'ai pas fait mal !

Parce qu'elle savait que le garçon était timide, elle savait aussi que pour l'aborder, il ne fallait pas faire d'insulte, mais le placer en victime était un on point pour tout timide qui se respecte...

En effet, ce fameux passant, ou plutôt cette fameuse passante, n'avait pas continué son chemin mais s'était arrêté. Mais une chose laissa plus que tout Joseph sur le cul: la personne en question ne lui avait pas hurlé dessus, elle ne l'avait pas agressé ni touché, mais elle s'était tout simplement excusée en lui demandant même si elle lui avait fait du mal. Lui qui avait prit l'habitude de se faire frapper au moindre faux pas, même le plus petit à l'ancienne école, il avait du mal à imaginer que cela pouvait être possible et il eut donc du mal à croire qu'elle ne se foutait pas de lui. Joseph préféra donc rester sur ses gardes, au cas où... Pour lui, personne ne lui voulait du bien, absolument personne.

Il tenait toujours sa sacoche, serrant même son emprise sur la anse de celle-ci. Sa respiration, pourtant pas plus rapide que ça, était un peu plus forte et on voyait facilement son torse se gonfler et se dégonfler quand il inspirait ou expirait, et si les couloirs et les élèves qui le traversaient n'auraient pas été bruyants, on aurait pu aussi l'entendre respirer. Elle lui souria mais il ne répondit pas à ce sourire et resta froid, le regard presque noir comme s'il voulait montrer à la jeune femme qu'il ne se plierait pas à elle, c'était fini, il ne voulait pas se soumettre à qui que ce soit aujourd'hui et il essaierait de ne pas être naïf, si il réussirait à le faire...

Joseph ne détacha pas son regard de celle qu'il avait percuté, il la fixait sans aucune gène et ses yeux ne bougeaient pas d'un millimètre même. Il essayait de chercher dans le fond des yeux de l'étudiante quoi que ce soit qui pourrait lui prouver à lui qu'elle était réellement en train de trafiquer quelque chose au fin fond de son crâne pour être aussi "sympathique" avec lui. Alors, froidement il prit à son tour la parole.

Non, aucun mal... Et pas besoin de t'excuser!

Il prit un nouveau souffle, trés fortement au point que cela s'entende sans difficulté, et c'est alors qu'il détourna enfin son regard, vers le sac qu'elle avait fait tomber par terre. Levant ses yeux vers elle il ajouta une question sur le même ton de voix.

C'est ton sac par terre?

L'étudiant en question n'eut pas la même réaction que la plupart des personnes que Chloé cotoyait, alors que les autres, subjugués par la beauté de Miss Summers, lui rendait le sourire et rougissaient à sa vue; le jeune homme la regardait comme pour la tester, elle n'aimait pas ca, elle se sentait jugée.

*Mais que me veut il? On se connait ? *

Elle essayait de ne pas montrer son air déroutée, mais elle se disait que le garcon pourrait au moins lui montrer de la sympathie, apres tout, entre nouveau il faut s'accouder... Elle pensait pas l'avoir déjà rencontrer, lui avoir fait du tort, mais ce qui se passe dans la tête des garçons quelques fois est incompréhensible, même pour une fille comme Chloé, qui pourtant les connaissait bien!
Alors, elle se dit qu'un garcon aussi étrange n'aimait peut etre pas perdre la face, il préférait sans doute être au coeur de la conversation et pas être placé en victime. Peut être pensait il qu'elle se moquait de lui, il avait tellement l'air d'être sur ses gardes. Lorsqu'elle se décidat à lui dire quelque chose il la devancat :

Non, aucun mal... Et pas besoin de t'excuser!

Il avait dit ca sur un ton menacant, celui que l'on prend quand on se méfie, Chloé n'aimait pas ca, pas du tout .

*Aurais je un mauvais aura ? *

Elle l'entendit souffler puis ajouter :

C'est ton sac par terre?

Elle se demandait de quoi il parlait, puis se rappelant la bousculade, elle fixa le sac et sourit, elle le regarda d'un regard qui se voulait sympathique et lui répondit :

Oui, c'est mon sac, mais ne t'en fais pas, il n'y a pas de mal, il était fermé.

Voyant qu'il n'était pas bavard, elle prit un prétexte pour continuer la conversation :

Et tu es ici depuis longtemps ? parce que je viens d'arriver, je suis une nouvelle, je sais pas si pour toi c'est facile de t'intégrer...

Joseph était un être bien difficile parmis les humains, surtout en matière de femmes. En réalité il n'avait aucune préférence puisqu'il n'en aimait aucune. Jamais elles n'avaient pu l'aimer lui, alors pourquoi les aimerait-il, elles, les femmes?

Pas d'air hautain, ni d'air supérieur, tout cela semblait si louche aux yeux de Joseph. C'est vrai, il avait déjà fait face à d'autres personnes dans son genre, mais trés vite ces gens-là changeaient dans leur façon d'être et devenaient à leur tour désagréables, violents et agressifs envers lui. C'était sans doute aussi pour cette raison que Joseph était devenu ainsi, presque aussi désagréables que ce monde, sauf que lui ne les frappait pas à sang. En revanche, il était vrai qu'il pouvait lui aussi être violent, mais uniquement quand la colère lui montait trop à la tête.

Depuis qu'il avait demandé si le sac par terre était bien à la jeune femme, Joseph avait continué de la regarder tout aussi fixement dans les yeux. Il cherchait toujours à savoir ce qu'elle pouvait penser, mais il n'y arrivait pas, et c'était peut-être parce que ce qu'il cherchait au fond d'elle n'était que traces de mauvaises intentions ou de dégoût envers lui qu'il ne trouvait rien. Et s'il ne réussissait pas à trouver tout cela dans ses yeux, était-ce parce qu'elle ne pensait pas ainsi? Soudain, à l'idée de cette pensée, Joseph se senti faiblir, manquant de lâcher sa saccoche mais reprenant ses forces avant que sa faiblesse ne se remarque. Il se sentait perdu, tout d'un coup. Non, il avait tort, personne ne pouvait pas avoir de mauvaises idées en tête en lui faisant face, à lui, le petit Joseph que personne n'aime, le petit Joseph fils de parents fous accros à Dieu, le petit Joseph si naïf et faible, devenu aujourd'hui dingue à son tour.

Son regard était devenu un peu vide durant ce moment d'abscence où il avait faiblit, et Joseph, comme perdu, regarda de nouveau cette étudiante à laquelle il faisait face, pénétrant de nouveau dans ses yeux. Elle souriait encore, encore et toujours avec son air sympathique, et cela le mettait mal à l'aise, alors comme pour ne pas sembler "soumis" à elle et à son sourire, il resta froid et un peu distant.

Elle lui répondit que ce sac était bien à elle, mais elle ne le ramassa pas, ce qui le surprit. Si elle continuerait à le laisser par terre, quelqu'un finirait par marcher dessus ou par chuter en y faisant un croche-pied, et dans ce cas-là, fermé ou pas, son sac risquerait de peut-être moins bien finir. Et avant même qu'il n'ait le temps de dire quoi que ce soit, elle lui demanda s'il était ici depuis longtemps. Mais Joseph ne voulait pas encore répondre à des questions, il ne voulait pas encore parler de lui. Il ajouta donc, froidement:

Tu ne le ramasse pas?

Il aurait pu répondre à sa question, lui dire que oui, il était ici depuis peu mais qu'il n'était pas intégré et qu'il ne le serait sûrement jamais, sauf peut-être parmis les intellos soumis de l'université, mais il n'en avait pas envie et il était donc resté silencieux à la suite de cette question, à propos du sac. De toute manière, il se doutait qu'elle ne lui répèterait pas la question car elle devait amplement se foutre de la réponse qu'il lui donnerait, alors à quoi bon lui répondre? Il n'avait pas envie de parler pour rien encore, et d'ailleurs, personne ne l'avait jamais fait parler.

Quand Chloé penser à s'intégrer, elle s'imaginait parlant avec la fille la plus tendance du lycée, ou le mec le plus cool, ou alors le joueur de basket le plus connue.... Mais depuis qu'elle avait croisé le regard de ce jeune homme, elle avait apercut quelque chose, une sorte de lueur dans ses yeux qui voulait lui transmettre un message. Cet homme devait avoir son age et pourtant, ils avient l'air si différent. Elle avait eu de la chance d'être jolie, ce qui lui avait toujours permis de s'intégrer facilement. Parce que le début des relations se fait soit par des paroles intelligentes ou par un physique de rêves. Elle s'était toujours dit au fond d'elle que c'était injuste, mais pourquoi s'en plaindrait elle? elle qui a toujours été dans la catégorie des jolies créatures...

Alors ces yeux... comment dire, ils appelaient au secours, et même une fille comme Chloé pouvait s'en rendre compte. Il n'avait pas bénéficié d'un visage aussi sympathique qu'elle. Elle l'avait même qualifié de loufoque, mais c'était avant d'apercevoir ce regard si intense.

Elle avait envie de lui parler, de le connaitre, elle aimait les gens différents des stéréotypes ordinaire. C'était un étudiant d'Harvard et pourtant il n'était pas le digne représentait des beau gosse riche et prétentieux. D'une certaine facon, l'aura mystérieuse qu'il dégageait plut à Chloé, elle voulait en savoir plus, beaucoup plus. Non pas qu'elle regretta sa beauté et tous ses accessoires inutiles, mais elle voulait vivre une aventure différente de celle qu'elle ait pu avoir jusque la. Attention, aventure ne veut pas dire obligatoirement sexuelle, mais elle voulait pas le laisser filer comme ca... Aussi lorsqu'il lui répondit froidement, elle eu un léger pincement au coeur, surtout qu'il n'avait pas l'air d'aborder la conversation de lui meme - il n'avait meme pas répondu à sa question. Elle le regarda, il avait l'air d'un homme qui voulait faire croire qu'il était sur de lui mais qui ne l'était pas, et ca, on ne la faisait pas a Chloé...

* Il me teste, il veut savoir si je vais le traiter comme un être inférieur... C'est ce que je ferait d'habitude, mais lui a ce je-ne-sais-quoi...*

Elle se baissa, ramassa son sac et lui fit un signe de remerciement qui voulait à peu prés dire "merci de m'avoir rappeler de le ramasser avant qu'il ne soit trop tard..." Peut être qu'un signe vallait mieux que des paroles. Mais on ne peut continuer une relation, quelle qu'elle soit avec des signes approximatifs, aussi, elle lui dit dans sa lancée.

- Mais tu ne m'as pas répondu, tu as l'air d'être aussi nouveau que moi, mais dans quel groupe es tu ?

Elle arretta de sourire, peut être que ca le génait, que ca n'avait pas l'air sincère. Pourtant, aucune de ses relations n'avaient été aussi sincere..

*mais qu'est ce qui m'arrive, je deviens gentille ? *

Alors qu'elle était presque sure que le garcon allait lui rentrer dedans, la remballer, l'insulter, Chloé fut un peu surpris par son comportement. Il la regardait comme s'il l'étudier, elle en avait la certitude, depuis le début il essayait de la comprendre, de l'analyser afin de voir si elle ne cachait rien d'anormal.
C'est vrai qu'il ne devait pas avoir beaucoup d'amis, et peut etre, voulait il s'assurait de tomber sur de bonnes personnes dès le début d'une relation, et ne pas devoir subir une erreur de jugement. Ouh, Chloé commencait à réfléchir un peu trop. Peut être était il simplement mal-entendant...
Aussi, lorsqu'elle l'entendit répondre elle était un peu surprise. Il avait une voix tout ce qu'il y a de plus normale lorsqu'il n'agressait pas ses interlocuteurs. Et en plus, il avait l'esprit critique. Bon point si on veut être ami avec Chloé... Et puis, une conversation vaut mieux qu'un regard étrange...
Elle n'avait jamais vraiment songée à ses groupes. C'est vrai que lorsqu'on était comme elle, il n'y avait aucune honte, elle en était même fiere, mais quand on était dans un groupe par défaut, quel intéret? et surtout, comment se sent on ?

- Moi je suis chez les Hotties ! elle le regarda, elle attendait une réastion puis continua: C'est vrai que c'est un peu étrange, mais du moment que ca ne gène pas les contacts entre les uns et les autres... D'ailleurs, ce n'est pas écrit sur ton front !

Elle savait que ca ne suffisait pas comme argument, mais elle voulait qu'il aille plus loin, qu'il lui explique pourquoi ca ne lui plaisait pas, alors qu'elle elle était pas contre...

Joseph était calme, si calme malgré sa si grande nervosité intérieure que cette dernière était assez difficile à remarquer. Pourtant il fallait tout de même qu'un tic, rien qu'un seul ne le trahisse. C'était ces mains toujours fermées en poing, comme quelqu'un qui retient sa colère, mais lui il n'était pas énervé, il était juste nerveux à l'idée qu'autant d'élèves allaient et venaient dans ces couloirs, passant ou frôlant les deux étudiants qui se parlaient en face du casier du jeune homme.

Elle? Chez les hotties? Oh! Joseph aurait pu en être étonné et remonter un peu ses sourcils, ou ouvrir un peu plus grands ses yeux, voir même la regarder d'une étrange façon en ayant entendu cela. Mais il avait eut l'air indifférent à cette réponse et n'avait absolument rien changé dans sa façon d'agir envers elle, ou dans sa façon de la regarder, même si il aurait pourtant bien pu la voir chez les Natural Students ou les Bad Circle, en dehors des Hotties. Et puis de toute façon, au diable les groupes! Qu'est-ce que cela changeait vraiment chez nous? Excepté que cela pouvait permettre aux autres étudiants de pouvoir à peu près juger leurs "compagnons de classe" selon leur groupe?

Etrangement, une sorte d'expression s'afficha sur le visage de Joseph et cela principalement et uniquement dans son sourire. On aurait presque dit qu'elle venait de l'amuser en lui disant que son groupe n'était pas écrit sur son front. Avait-il un humour spécial pour s'amuser de si peu? Non, son sourire avait finalement eut l'air plutôt niais face à cette dernière phrase. En tout les cas, il avait été bien difficile de pouvoir remarquer ce dernier sur le visage de Joseph tellement il avait été discret et rapide, et sa voix quant à elle n'exprimait rien de spécial.

Tant que tu n'es pas aussi "chaude" que le prétendent les autres étudiants à propos des Hotties, je ne pense pas que cela gène le contact entre nous, si tu comptes en avoir un..

Et cette fois-ci, son sourire se fit un peu plus amusé au point que cela se remarque enfin, s'affichant au moment même où il ajouta avec appui ce "si tu comptes en avoir un". Joseph imaginait tout simplement qu'il lui parlerait aujourd'hui mais qu'une fois qu'ils se quitteraient, elle ne le croiserait plus jamais du regard et cela même si ils devraient se refaire face une autre fois dans ces larges couloirs. Pour lui, elle n'allait faire de lui qu'une simple connaissance de passage à laquelle on s'adresse une fois avant de l'oublier et de l'ignorer pour toujours.


[C'est pas grave, à ce que je sache le temps ne nous est pas compté! :p ]