A l'ombre d'un arbre [pv Nikolaï]

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Déprimant. Aujourd'hui était le jour de l'arrivée de Johanna Connors à la fac d'Harvard et elle n'avait plus que ce mot en tête. C'était tout simplement déprimant. Personne d'intéressant n'était venu la voir et ça n'était très certainement pas elle qui se lèverait pour aller voir des inconnus afin de se présenter comme une véritable pouffe. Non, vraiment, sortir des "Salut j'm'appelle Johanna j'ai 19 ans viens on devient copains !", ça n'était pas fait pour elle.
Alors Jojo n'avait rien trouvé de mieux à faire que de se poser dans le campus de l'immense université. Peu joyeuse, elle regrettait déjà le temps du pensionnat à New York. Ici, si elle ne trouvait pas une occupation très bientôt, elle finirait par mourir d'ennui. Oui, on pouvait mourrir d'ennui lorsqu'on avait celui-ci comme pire ennemi.

Vêtue d'un slim, d'escarpins et d'un chemisier blanc avec cravate, la jeune Johanna avait sorti de son sac à main un paquet de cigarette et un briquet. Quelques secondes plus tard, cette dernière était allumée et à la bouche de l'étudiante.
Recrachant ensuite la fumée, sa tête s'était laissée aller en arrière pour se poser doucement contre le tronc d'arbre. Les yeux fermés, on aurait facilement pu croire qu'elle dormait si elle n'était pas obligée de faire quelques gestes nécessaires pour fumer une cigarette convenablement. Vraiment, ses amis se foutraient très certainement de sa gueule s'ils voyaient à quel point elle pouvait s'ennuyer.

Jojo avait passé ses vacances avec eux tous. Son pseudo grand frère lui avait souhaité bonne chance et la jeune fille se rendait à présent compte combien elle en aurait effectivement besoin. Trouver des gens d'intérêt ici semblait pratiquement relever de l'exploit. La plupart de ceux qu'elle avait croisé dans les couloirs ne lui avaient pas fait une bonne impression. Tout le monde avait l'air aussi banal ici ?
Tant pis, s'il fallait qu'elle mette un peu d'animation toute seule, alors soit. Les coincés seraient vite décoincés et elle changerait rapidement cette université en un lieu semblable à son ancien lycée. Là au moins, ça serait la vraie vie. Après tout, il semblait bien y avoir énormément de genres de personnes différentes ici. Alors Jo' trouverait bien quelqu'un comme elle.

En plus de ça, Harvard avait une réputation qui lui avait plus ou moins plu. Les fêtes y étaient nombreuses, et elle était certaine que trouver un peu de drogue dans celles-ci ne serait pas un problème. En même temps, une fête sans quelques petits produits illégaux pour y ajouter un peu de piment ne pouvait pas être réussie. Telle était la logique de Johanna Connors, 19 ans, accro à la drogue.
Et cette logique n'était pas prête de changer. Jo' ne connaissait que celle-là. Depuis le collège, sa vie ne se résumait qu'à un enchaînement de fêtes toutes plus illégales les unes que les autres. Plusieurs fois, elle s'était retrouvée au poste et l'intervention de son brillant avocat de père ou d'un de ses collègues était amplement suffisante pour la sortie de ses moindres faux pas. Et puis l'argent aussi avait beaucoup servi. C'était sûrement grâce à lui qu'aujourd'hui encore, Johanna avait un casier judiciaire vierge.

Combien d'années allait-elle devoir tenir dans cette université ? Ben... Le nombre suffisant pour qu'elle ait son diplôme en poche et qu'elle puisse prendre la suite du cabinet d'avocats de son père. Comme quoi la nature faisait bien les choses pour certains, et du point de vue de Johanna, elle en faisait largement partie.
Rouvrant les yeux, tirant une nouvelle fois sur sa cigarette, la jeune étudiante avait finit par fouiller de nouveau dans son sac à main afin de trouver son portable. Rien. Pas un seul message, pas un seul appel manqué. A croire que cette université lui portait la poisse au final.

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On a tous des jours avec, et tous des jours sans. Pour Niko, c'était un jour assez quelconque, mais tellement grisant. Pourquoi? C'était aujourd'hui que le jeune homme fêtait l'anniversaire de mort de ses parents biologiques, et il ne pouvait même pas se rendre en Russie, à cause de ce fichu travail, dans cette fichue université de malheur. Il etait d'une humeur plus que maussade, et pour couronner le tout, il n'arrêtait pas de se répéter qu'il s'en voudrait toute sa vie. Quelle injustice de voir mourir ses parents à l'âge de cinq ans. A cinq ans, on aime rire, on aime jouer, comme tous les enfants il aimait jouer, et ce jour là, il avait aimé se cacher jusqu'à ce qu'il entendent ces coups de feu qui auront bouleversé sa vie...

Aurait-il été différent de ce qu'il était aujourd'hui? Il n'en savait rien, mais il est vrai que si ses parents étaient encore en vie, il n'aurait jamais été là, il n'aurait peut être même pas eu besoin d'avoir son bac, s'il n'avait pas eu cette fichue blessure au poignet, le contraignant a arreter le tennis. Il fallait arrêter d'essayer de changer le passé, ce n'était evidemment pas possible, alors a quoi servait de se morfondre sur un jour qui était comme un autre mise à part la mort de ses parents, il pourrait passer sur leur tombe un autre jour, rien ne l'en empechait, mais voilà qu'il ne se sortait pas les idées noires de la tête. A quoi bon?

Vêtu d'un jean gris et d'un t-shirt Guess blanc aux manches courtes, il marchait les mains dans les poches dans le campus. Sa mèche coiffée comme à l'habitude, les epis au niveau de l'implantation de ses cheveux, toujours trop courts ne tenaient pas sur son crane comme le reste de ses cheveux plaqués. Il avait la tête baissée, il ne regardait que ses pieds, ne voulant pas montrer sa mauvaise humeur, ou plutôt son cafard, inhabituel d'ailleurs, car normalement Nikolaï n'avait pas de mal à cacher ses émotions.

Passer ses journées seul, devenait de plus en plus déprimant, il ne connaissait personne, il n'avait que des nouvelles de son frère aîné, le seul qui se souciait encore de sa vie ici. Il se demandait ce que ses parents adoptifs, cette fois-ci faisaient, c'est vrai, il n'avait plus de nouvelles, remarque, il était temps qu'il quitte le cocon familial, bien qu'il a toujours été un peu autonome. Le jeune homme faisait partie des personnes lunatiques: tantôt folles, tantôt raisonnables et coincées. C'était comme ça qu'on l'avait éduqué, et il ne s'en était jamais plaint.

Le garçon avait trouvé un coin à lui quelques jours plus tôt dans le campus. C'était un arbre à l'ombre sous lequel, il dessinait, télephonait et bien d'autres actions encore... Il se dirigeait vers celui ci, il n'avait plus qu'à longer le petit chemin, puis il prendrait à gauche et il serait sous son arbre fétiche. Quand il tourna, il eut la bonne surprise d'y trouver quelqu'un. A croire qu'il n'était pas le seul, a être seul, et a se réfugier sous un arbre pour rester dans ses pensées. Il y trouva donc une charmante jeune fille aux cheveux dorés mais au regard si contrasté. Il se demandait pourquoi une jeune femme aussi belle, pouvait avoir un passage a vide, car généralement ces personnes là étaient heureuses, a moins qu'elle ait eu un problème tout comme Niko' quelques années auparavant.

Il s'approcha donc d'elle, alors qu'elle regardait son portable, et il s'adossa à l'arbre, il se tenait tout prêt de la jeune femme, mais en même temps cet arbre n'appartenait à personne. Il ne voulait pas la déranger, mais il remarqua qu'elle avait fait tomber quelque chose à terre. C'était un bijou apparemment, un bracelet. Il avait l'oeil Niko', il le ramassa en se baissant, puis en se relevant, il adressa la parole à la jeune femme d'une voix des plus douces qu'il soit:

" Excusez moi, mais vous avez fait tomber ceci!"

En prononcant ces paroles, il lui tendit le bracelet, accompagné d'un sourire réconfortant. Il ne souriait jamais habituellement, et en plus ce sourire etait réconfortant, et compatissant.

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Rien à faire, quelqu'un avait sans aucun doute voulu la punir de ses conneries passées et futures. L'ennui était sans aucun doute la pire des choses pour quelqu'un comme Johanna. Il fallait qu'elle bouge, qu'elle fasse quelque chose, et pourtant elle ne connaissait absolument personne. Ca n'était pas comme si la jeune femme ressentait tout de même l'envie de se mêler à la masse. Sans déconner, la personne moyenne ici devait être le gentil fils à papa.
Ainsi elle avait tiré une nouvelle et dernière fois sur sa cigarette avant d'en chercher une autre dans son paquet. Oui, on pouvait affirmer que Jojo était aussi accro à la cigarette. C'était la seule chose qui restait encore légale dans les produits qu'elle prenait et elle ne s'en priverait certainement pas.
Blasée, elle avait ensuite de nouveau refermé les yeux tandis que ses jambes croisées se repliaient finalement pour venir contre elle. Et là, son portable vibra. Enfin ! Regardant l'écran, un sourire apparut sur son visage quand elle reconnut le numéro de son pseudo grand frère qui au final lui avait enfin envoyé un message.

Après une réponse plus ou moins rapide, Jojo avait fini par fixer le bout pointu de ses escarpins pendant un moment, perdue dans ses pensées. Le temps était agréable, le Soleil brillait et le ciel n'était encombré d'à peu près aucun nuage. Mais à vrai dire, la météo lui importait peu. Ca n'était pas fait pour elle toutes ces conneries. Qu'il pleuve, qu'il fasse beau, froid ou chaud, ça ne changerait absolument rien.
Complètement blasée d'absolument tout, Jo' avait relevé les yeux pile au moment où un jeune homme commençait à s'approcher. Hem. Il n'avait pas l'air particulièrement laid. Son style vestimentaire était banal... Et avec ça, il venait la voir ? Mal parti le coco... Mal parti.
Enfin, vu l'air qu'il affichait, il n'avait pas l'air non plus en plein dans une de ces histoires pathétiques telle que "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants". Au moins un bon point pour lui. Peut-être avait-il quelque chose d'intéressant alors sous cette apparence banale ?

Le problème était que Johanna n'était en aucun cas une psy. Les problèmes des autres, inutile de dire qu'elle s'en foutait complètement tant que ça ne la concernait pas. Suivant tout de même du regard le jeune homme qui se rapprochait de plus en plus, Jojo se mit à l'observer avec un peu plus d'attention. Il avait l'air plutôt grand. Plus âgé qu'elle aussi de quelques années. Impossible à savoir s'il était simple étudiant ou s'il faisait parti du corps enseignant.
Dans le premier cas, Jo' ferait sans doute peut-être un effort pour faire sa connaissance afin de combler les trous de l'ennui avant de finir par l'apprécier ou le trouver complètement inutile. Dans le second, elle le détesterait par simple principe. La discipline et elle faisaient bien plus que deux, et ça n'était certainement pas parce qu'un prof était sympa qu'elle le serait aussi.
Ca aussi, c'était une sorte de principe. Johanna n'avait jamais particulièrement apprécié les gens "trop sympas" avec tout le monde, les jugeant plutôt faible d'esprit et bien trop encombrant. Quelqu'un qui savait se défendre tout seul et avoir de la répartie n'était en revanche pour elle pas réellement sympa. Oui, les points de vues de Johanna étaient assez bizarres.

Et puis son bracelet était tombé sans que la jeune femme ne s'en rende vraiment compte. Du coup, quand l'inconnu s'était penché pour le ramasser juste à côté d'elle, elle avait été assez surprise de le voir ensuite se relever avec son bijou dans les mains. Contrairement à ses autres accessoires, celui-ci avait une sorte de valeur sentimentale puisque c'était la seule personne qui avait réellement compté jusqu'ici qui le lui avait offert.
Le reprenant des mains du garçon tout en relevant les yeux vers lui, Johanna pu voir sur son visage une sorte de sourire bienveillant. Et en plus, il avait la voix qui allait avec ! Il avait dû se prendre pour Superman grâce à la bonne action qu'il avait faite. En tous les cas, jamais Jo' ne lui serait redevable. Toutefois, un sourire étrange était apparu sur ses lèvres tandis qu'elle finissait par lui répondre :

"Oh mais bien sûr que je vous excuse, je vous remercie d'ailleurs de l'acte de bravoure dont vous avez fait preuve en me remettant ce bracelet."

Ironique jusqu'au bout de ses ongles assez longs et parfaitement bien manucurés, la jeune femme avait ensuite tiré de nouveau sur sa cigarette. Son sourire avait à présent disparu de son visage tandis qu'elle fixait celui de l'inconnu de façon assez destabilisante.
Au final, elle avait envie de rire aux éclats. Elle avait demandé une personne intéressante et maintenant, Johanna se retrouvait avec un parfait gentleman sur les bras, qu'elle qualifierait sans aucun doute de "sympa".
Sans doute avait-il énormément de succès avec les autres petites étudiantes. D'une certaine façon, elle aurait pu comprendre, mais il avait l'air bien trop clean pour qu'elle le trouve réellement attirant. Alors au final, elle avait finit par dire sur un ton presque irrité :

"C'est un sourire réconfortant que je vois là ? J'ai vraiment l'air déprimée ou quoi ? J'te fais pitié ?"

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Nikolaï...Nikolaï... Cent fois son prénom avait raisonné dans ses oreilles lorsqu'il était enfant... Pourquoi? Parce qu'il empechait son frère de dormir avec ses gémissements et ses hurlements après la mort de ses parents. Il le secouait, et puis une fois qu'il était réveillé, c'était au tour de son frère de cauchemarder.

Après son départ, le petit Nikolaï était devenu exécrable avec tout le monde, il était impossible de lui parler sans que le petit devienne violent, ou pire encore, qu'il devienne réellement méchant, c'était de la pure méchanceté gratuite. Au final en grandissant, il avait fini par se calmer, on gagne en maturité, lui répétait-on souvent.

Mais c'est à l'adolescence qu'il avait déconné. A la recherche de ses racines, il se droguait, buvait, comme un alcoolique, il dealait, mais ça personne ne le savait car il s'était resaisi lorsque son frère Edward, a l'age de 15 ans vint le chercher pour le faire devenir un grand joueur de tennis professionnel. Mais courageux, sa fin de carrière ne l'arrêta pas. Bien au contraire, elle le poussa dans la bonne direction, et il fallait se dire qu'il y avait des milliers de gens sur terre qui n'avaient plus leurs parents. Adossé contre cet arbre qui lui faisait toujours un peu de bien car il savait qu'il pouvait penser sans faire autre chose que penser, il se demandait s'il n'était pas en train de perdre la tête et de devenir fou, remarque à faire, il avait déjà tout perdu alors pourquoi pas la tête...

Il regarda ensuite cette femme qui ressemblait plus à une femme que l'on voit dans ses rêves, plutôt qu'une femme réelle, elle était d'une beauté intense, qu'il ne pouvait traduire, elle devait avoir beaucoup de succès, mise à part si son comportement était très souvent maussade comme aujourd'hui. Mais elle dégageait quelque chose, il ne savait pas vraiment quoi, mais il le comprendrait bien assez tot.

Il essaya de se resaisir à moitié, il n'avait aucune envie qu'on le croit dépressif, il ne voulait pas non plus qu'on pense qu'il soit jovial et tout le reste alors que ça n'allait pas, bref complêtement paumé, le Nikolaï. Si on jugeait par rapport à ce qu'ils dégageaient, les deux jeunes gens paraissaient semblables dans leur conception des choses, ils avaient l'air différent des autres, ils étaient tristes, et comme nous connaissons Niko' tout le monde savait qu'il n'était pas gentil avec tout le monde et plutôt froid au premier abord.

Mais dans cette situation, il avait été différent. Elle venait de lui reprendre le bracelet des doigts, mais elle répondit de façon étrange au jeune Nikolaï qui continua de le faire sourire, pas parce qu'il était heureux, mais plutôt satisfait d'avoir trouvé quelqu'un comme lui. A son tour, ironiquement, il répondit etant très a l'aise:

"Oh mais bien sur ça a été un acte très difficile de se baisser pour ramasser cette chose insignifiante qui vous tient cependant très à coeur, car sans moi, vous seriez en train de vous morfondre!"

Nikolaï détestait normalement que l'on lui parle ainsi, mais là ça le détendait, et il ne voulait pas se gâcher encore plus la journée, vu qu'on ne pouvait pas faire pire. Il se disait qu'il était certain que la jeune femme devait se sentir un peu seule si elle était désagréable comme cela.Lorsqu'elle s'enerva en prononcant ses dernière paroles, son sourire se transforma en un rire qu'il retint expressement, il ne voulait surtout pas qu'elle croit qu'il se moquait d'elle, bien qu'en réalité il venait de se moquer de sa petite saute d'humeur.

"Non, n'allez pas croire que j'essaye de savoir ce qu'il vous arrive je m'en contrefiche c'est pas mon problème, je suis uniquement ici, parce que j'aime ce coin paisible! Et puis si vous me faisiez pitié, moi j'aurais l'air de quoi?"

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Rien à dire de vraiment très spécial sur l'enfance de Jojo. Si elle en était là maintenant, c'était tout simplement parce que ses parents n'avaient pas joué leur rôle correctement. Normalement, ils auraient dû rester avec elle, l'accompagner à l'école, lui préparer ses goûters... Des choses normales en fait. Mais non. Sa mère allait dormir dans le lit d'un autre et passait ses journées avec lui, son père était absent...
Et pourtant on ne pouvait pas dire qu'elle avait eu une enfance malheureuse, loin de là. Il y avait eu Sarah, sa nourrice, qui l'avait aidée à se développer. Alors jusqu'ici, tout s'était très bien passé. Le seul défaut de ses parents étaient de lui avoir choisi continuellement une mauvaise école pour une petite fille encore bien trop influençable sans s'inquiéter de ses petites escapades au poste de police.
Bien évidemment, bercée dans un milieu comme le sien, Johanna ne s'était même pas dit que tout cela était complètement anormale. Alors oui sa vie était parfaite, alors oui elle était heureuse et personne ne pouvait dire le contraire.

La seule ombre noire au tableau ? Cette université. D'accord, elle venait d'arriver et certainement Jo' en penserait le contraire le lendemain en faisant connaissance avec des gens au moins un peu comme elle. Il devait bien y avoir une fête de bienvenue aux petits nouveaux ou elle ne savait quoi d'autre encore.
Toujours est-il que la jeune étudiante avait atterri à cet arbre en espérant que quelque chose vienne la sortir de son ennui puisqu'évidemment, il semblait n'y avoir pratiquement rien à faire ici. Elle avait même songé à s'endormir, mais avec tout ce qu'il y avait dans son sac qui avait plus ou moins de la valeur, peut-être valait-il mieux éviter. Et puis... S'assoupir en pleine journée pouvait lui faire manquer une occasion de s'amuser un peu. Alors non, hors de question de dormir ici.

Nous en venons donc maintenant à l'intervention du jeune homme qui peut-être réussirait-il à la sauver de son ennui. Devant Johanna se présentait deux options : soit être antipathique à souhait avec lui, soit se présenter sous un jour plus ou moins sympa. Assez motivée pour le premier, elle dû se rappeler que ce comportement chez elle faisait bien plus fuir les gens. Alors peut-être valait-il mieux qu'elle évite... Juste histoire de s'ennuyer un peu moins.
Sans même tourner la tête vers lui, Jo' savait très bien qu'il la regardait. Elle avait l'habitude. En général, il y avait toujours un crétin qui venait dans l'espoir de la draguer. Si ça l'avait amusée au début, ce petit manège qui n'avait fait que s'éterniser n'avait provoqué chez elle que du dédain.
Pour le moment, toujours aussi pessimiste dans cet instant d'ennui infernal, Jojo mettait l'inconnu dans le même sac que les autres. Le coup du truc qu'elle avait fait tombé par terre était banal maintenant.

Toutefois, quand il lui avait répondu sur le même ton qu'elle, Johanna n'avait pas vraiment pu cacher sa surprise. D'accord, on ne lui avait jamais répondu de la même façon quand elle se lançait dans une catégorie dont elle était pro. Elle était déjà bien plus habituée à l'énervement. Mais là non.
D'un certain côté, le jeune homme venait de gagner donc un bon point. Peut-être n'était-il pas si "sympa" que ça. Sa réponse lui avait enlevé pratiquement tout le côté lourd qu'elle lui avait trouvé. Seulement si bon point il y avait, ça ne voulait pas dire que Johanna ne s'était pas trouvée tout de même légèrement agacée de cette réponse bien plus intelligente que celle à laquelle elle s'était attendue.
Si maintenant, on ne pouvait même plus juger les gens sur une simple impression, alors elle allait devoir se mettre à chercher à connaître les autres. Hors de questions. Enfin, en ce moment même, elle avait un peu tout le temps qu'il lui fallait pour ça.
Le temps de la réponse arriva. Exagérée dans l'enthousiasme, un sourire était de nouveau venu sur son visage tandis qu'elle disait toujour sur le même ton ironique :

"Mais c'est qu'il aurait presque l'air intelligent ce brave garçon ^o^"

Et puis il s'était mis à rire aux paroles de Jo'. Eho, elle au moins, elle s'était retenue tout à l'heure. Un peu de tact aurait sans doute été le bienvenu. Vexée, elle avait fini par tirer une longue latte sur sa cigarette avant d'écouter d'une oreille distraite la réponse du garçon.
Oh non, là franchement, sur la dernière question qu'il lui avait posé, il lui avait largement tendu la perche. Drôle oui, ça devenait drôle.

"Tant mieux, il n'y a pas de problèmes. Et pour ne rien vous cacher, si je vous faisais pitié, vous auriez l'air d'un sombre crétin. Et encore, même sans ça. Oui, j'aime être désagréable."

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Que dire de plus sur la merveilleuse et forte personnalité de ce très cher Niko? Pas grand chose à vrai dire, mise à part que le garçon ne renonce jamais et qu'il peut devenir aussi amusant que déroutant.

Souvent, il avait rêvé de devenir quelqu'un de bien que tout le monde appréciait, qui était sympathique avec tout le monde, lui qui avait eu de la difficulté à connaître du monde en venant en Amerique après l'orphelinat, mais à force de comprendre que le monde n'était fait que de gens qui n'en valaient pas la peine tous faux-culs les uns plus que les autres et méchants plus qu'autre chose, il se résolut à rester le même: ce garçon qui ne fait confiance qu'au bout d'un grand moment d'amitié, lui qui ne devient gentil que s'il juge la personne digne de confiance, un garçon plus lunatique que gentil, un garçon qui a beaucoup de défauts, mais il est surtout quelqu'un que l'on arrive pas à cerner. Il se cache sous un mystère, sous une carapace qui ne se brise que très rarement, les émotions il les connait, mais ne les affiche que lorsque c'est vraiment nécessaire, bref Nikolaï est vraiment à part, des cheveux blonds comme la lumière, mais un tempéramment aussi froid que l'hiver en Russie.

L'amerique cachait peut être des gens différents, seul lui pouvait essayer de le savoir vu qu'il était si différent, il n'aurait pas de mal a trouver des gens quelque peu semblables à lui. Mais il ne devait pas se leurer, il devrait plutôt réflechir à la façon dont il devait continuer sa vie dans la solitude comme il l'avait toujours fait, car pour le moment ça n'avait pas vraiment fonctionné vu qu'il était souvent déprimé, et cauchemardait le plus souvent du temps. Il n'avait pas eu une bonne nuit depuis des années, et il s'en était accomodé, il avait même oublié comment on dormait bien. Même les soirées où il finissait épuisé à force de faire le con avec ses potes, il ne dormait pas et cela n'affectait même plus sa condition physique à l'usure, il avait su comment gérer sa vie.

Depuis qu'il était ici, il n'avait rien eu de différent chaque jour. Tous les jours étaient devenus semblables, rien pour l'amuser, rien pour l'énerver, c'était une vie monotone, qu'il aille boire un verre où non, rien ne plaisait, et il se lassait de cette nouvelle vie. Ce n'était pas de l'ennui contrairement à Johanna, mais plutôt de la lassitude, ou de l'agacement de vivre ainsi, on ne peut continuer sans rien faire sa vie, cela va de soi, il avait même pensé à retourner voir son frère pour tenter de revenir a son meilleur niveau en tennis, mais il se disait comme d'habitude, que c'était un rêve et qu'il ne serait plus jamais ce qu'il avait été, car la chance avait tourné comme elle lui avait sourit quand on l'avait adopté.

Depuis un petit moment, il s'était dit que ce jour finirait par être différent, et il l'avait été en rencontrant cette jeune femme, car même si elle tentait d'être des plus désagréables avec lui, il etait un peu plus enjoué que d'habitude vu qu'il se passait enfin quelque chose dans sa vie, la différence était là. Il se demandait si elle finirait par être moins désagréable, car il jouait son jeu, il devenait comme elle, bien qu'il le soit intérieurement, il lui arrivait aussi d'être un amour, lunatique dis-je? Mais son but n'était évidemment pas de la draguer comme quatre vingt dix pour cent des gars auraient fait, non, lui il voulait simplement modifier un peu sa journée qu'elle soit un peu moins lassante, il y avait cette raison là d'ailleurs, mais il se disait que ça ne servait à rien de draguer pour deux autres raisons: la première, que cette fille n'avait pas l'air de vouloir se laisser draguer, et la deuxième qu'elle était assez jeune et que de toute manière, ce n'était pas son truc à lui de charmer les femmes, il trouvait cela niais, et hypocrite.

Apparemment la jeune femme avait été surprise de la façon dont ce cher Niko' s'empressa de lui répondre, il aimait ce genre de réaction, ça permettait de savoir qu'au moins il avait réussi à semer le doute dans les pensées de la jeune femme, et à la sortir de ses problèmes pendant un court instant, il ne voulait pas jouer le rôle de psychologue, mais analyser les situations dans lesquelles il se retrouvait lui permettait de moins s'ennuyer. La réponse qu'il attendait se fit entendre, oui elle essayait de le destabiliser dans son effort qui n'en était pas un, et il se mit à réflechir à toute vitesse à une réponse qui serait intelligente, mais sans être agaçante, mais pour tout vous dire, il avait du mal, il tentait une nouvelle fois de réflechir mais rien ne lui venait sauf, une réponse qui n'en était pas une réellement et qui pourrait le faire passer seulement pour un abruti, ou presque. Bref, il ne savait pas quoi dire alors il tenta quand même avec une petite phrase, feignant d'être imbécile.

" Oui presque l'air, c'est comme vous vous avez l'air presque folle à vous entendre, mais je suis sur que les apparences sont trompeuses."

Toujours calme, Nikolaï ne faiblissait pas, ses yeux bleus glacés comme les iceberg, regardait la jeune femme, sans faiblir, ses mains étaient toujours dans ses poches, mais il était parfaitement immobile. Rien ne semblait le déranger. La dernière phrase de la jeune femme sembla agacer quelque peu Nikolaï, il lui avait tendu une perche c'est vrai, on put voir que le jeune russe venait de froncer les sourcils, mais il resta impassible, et répondit sèchement:

" Les grands esprits se rencontrent alors...On dit que les fortes têtes ont de l'influence, or être désagréable ne fait que vous rendre plus bête que vous ne l'êtes! Et puis si j'ai l'air d'un sombre crétin, je dirais que les apparences sont trompeuses, vu que vous avez l'air agacée, que l'on joue à votre petit jeu sarcastique."

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Il s'avérait qu'au final, l'université d'Harvard n'était pas aussi chiante que ça. Rien à voir avec la météo une fois de plus. Sur les crétins qui se trouvaient sur le campus, Johanna avait fini par trouver l'un d'eux un peu moins idiot qu'à l'exemple de ses petits camarades. Comme quoi elle finirait sérieusement par croire qu'il pouvait réellement y avoir des exceptions à la règle.
Alors si au début, Jojo n'avait même pas daigné le regarder réellement lorsqu'il lui adressait la parole, la jeune étudiante décida de soutenir son regard bleu glacial. Mais c'était qu'il pouvait faire peur ce brave homme ! Au moins avait-il su éveiller en elle un peu d'attention. D'accord, grâce à lui, elle avait trouvé une occupation. Mais entre être véritablement désagréable et se montrer plus ou moins "gentille" avec lui, il y avait tout un fossé. Une décision était à prendre.
D'un certain côté, se faire apprécier pour son comportement était le dernier de ses soucis. Il n'avait d'ailleurs même pas pris la peine de se présenter à elle, chose qui lui posait un certain problème sur sa façon de le voir.

Encore, là, Jo' ne se présentait pas comme étant réellement insupportable. Elle s'ennuyait, alors elle ne faisait aucun effort. Ca n'était de toute façon pas à elle d'en faire. Johanna n'était certainement pas la personne qui était allée le voir pour tenter une approche plus ou moins banale. Certes, il n'avait pas l'air de la draguer, et Jojo n'allait certainement pas changer de comportement juste parce qu'il s'avérait être différent des autres crétins... Enfin si, un peu.
Après tout, c'était bien les gens qui sortaient légèrement du commun qu'elle arrivait à apprécier... Plus ou moins.
Ecrasant sa cigarette pour jeter le mégot au loin, elle avait fini par en rallumer une troisième après avoir senti de nouveau son portable vibrer. Un réel sourire apparut sur son visage quand elle vit de nouveau le nom de son ami s'afficher sur l'écran. Faisant preuve une nouvelle fois de très peu d'égard à ce que l'inconnu était encore en train de lui dire, Johanna avait préféré répondre une nouvelle fois.

Puis elle avait émis une sorte de rire mesquin. Il était sérieux là ? Non vraiment, ne pas répondre à ce qu'elle lui avait dit aurait été largement une preuve d'intelligence. Là, il se rabaissait.
Un regard à la fois suffisant et méprisant plus tard, Jo' avait fini par préférer tirer une latte sur sa nouvelle cigarette. Elle pouvait prendre son temps pour la réponse. De toute façon elle n'était pas pressée et il serait assez difficile de croire qu'une jeune fille comme elle n'avait pas su quoi redire directement après les paroles de l'homme debout à côté d'elle.
Pui enfin :

"Attendez, je suis sûre que vous pouvez faire mieux que de vous rabaisser en tentant de me rabaisser moi-même. Je commençais à vous trouver drôle pourtant."

Levant un regard inquisiteur qui laissait clairement voir que Johanna était sûre d'elle-même, un sourire forcé apparut sur son visage aux traits si finement dessinés.
Oh le pauvre, et voilà que maintenant, il avait l'air presque vexé ! Si le ton sec le prouvait déjà, son froncement de sourcil ne laissait même pas l'occasion d'envisager le contraire et ses paroles ne faisaient que l'enfoncer un peu plus. Ah oui ? Elle était une forte tête ? La nouvelle n'était vraiment pas fraîche, il avait quelques trains de retard. Quant à sa prétendue stupidité, Johanna n'avait pas besoin d'un avis extérieur pour savoir qu'elle n'était que pure invention de la part d'une personne manquant tout simplement de répartie pour rivaliser avec elle.
Déjà il se répétait. Peut-être que leur petit jeu allait donc devoir déjà se terminer.

"Mais c'est que tu aurais presque l'air vexé là ! C'est sans doute pour ça que la plupart des gens ne préfèrent pas me suivre dans ce que tu viens de nommer "mon petit jeu sarcastique". C'est vrai de toute façon, je n'aime pas que l'on me réponde. "

Se relevant au final, cigarette à la main, Johanna pu constater que le jeune homme était en effet plus grand qu'elle. Pourtant, avec sa taille de mannequin, on ne pouvait pas dire qu'elle fasse partie des plus petites. Ses talons l'aidaient d'ailleurs à rattraper un peu les quelques centimètres d'écart.
Tendant finalement la main vers le jeune homme tandis qu'elle lui soufflait un nuage de fumée dans le visage, Jo' avait fini par se présenter de façon assez neutre.

"Johanna Connors, première année. J'vais pas te cacher que je suis assez peu enchantée de te rencontrer, m'enfin je m'ennuyais, alors tu viens de faire ta B.A. de ta journée en me divertissant un peu. Tu es ?"

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Niko' commençait vraiment à fatiguer, normalement, sous cet arbre qu'il aimait, et c'était d'ailleurs rare qu'il aime la nature, il ne se creusait pas la tête autant pour tenter pour une fois de ne pas paraître trop désagréable sans expliquer pourquoi, d'habitude il se lachait, mais bizarrement avec elle, il n'y arrivait pas, rien qu'a en juger la manière dont il se tenait: les mains dans les poches et puis maintenant, il bougeait légèrement en se balancant légèrement sur ses deux pieds, il n'était pas détendu, plutôt crispé.

Il cherchait en vain à se détendre, comme se mettre une musique qu'il aimait dans la tête, ou penser à autre chose que tout ce qui l'avait tracassé pendant la journée, ou encore éviter de croiser le regard de la jeune fille peut etre... Mais non rien n'y faisait. Il était pourtant d'ordinaire calme et plutot discret comme par commodité. C'était bizarre, à cause de sa différence, elle se distinguait des autres, et Niko ne savait même plus comment agir avec ce petit bout de femme bien dans sa tête, qui savait exactement ce qu'il répondait à l'avance, elle arrivait maintenant à manier parfaitement la conversation, au grand regret de Niko qui visiblement avait en face de lui une personne bien plus forte que lui. Elle soutenait à présent même son regard, qui n'était pas un regard plein d'emotion. Son regard s'était transormé a cause de la surprise en un regard vide.

Sa surprise s'effaca lorsqu'il sursauta, car son portable venait de faire un vacarme fou seulement en vibrant dans sa poche, il le sortit lentement regarda ce qu'il y avait, et lorsqu'il vit marqué le nom de son ex, il s'empressa de raccrocher. Encore une mauvaise nouvelle, décidemment, il les collectionnait aujourd'hui...

Rangeant ensuite son portable dans sa poche gauche, il regarda une nouvelle fois la jeune femme, qui à son humble avis ne serait jamais perturbée, elle avait l'air de tout maitriser, pourtant, il y a quelques minutes il lui avait semblé que la jeune femme était perdue dans ses pensées: il s'était tout simplement trompé. Puis une nouvelle fois après un long moment de silence, la jeune femme prit la parole, cependant un peu avant, elle avait eu un rire mesquin, qui acheva de déstabiliser Nikolaï. Il trouva rien à répondre et préféra rester silencieux, de peur d'en prendre encore plein la figure, même s'il n'avait pas peur, il redoutait juste chaque parole de la jeune femme qui était de plus en plus mesquines.

Mais quelque chose changea soudainement la donne: le sourire de la jeune femme, elle avait plutôt l'air satisfaite d'elle même et Nikolaï détestait qu'on prenne la grosse tête à ses dépends, alors il continua de la fixer, son regard ayant maintenant un grand mépris.

"Juste parce que tu n'aimes pas je continuerais a répondre...Apparemment j'ai des limites que toi tu n'as pas..."

Familiarité. Nikolaï venait de la tutoyer, c'est donc qu'il commencait
à se détendre, et à ne plus être agacé comme précedemment.Finalement la jeune femme se releva. Il la toisa de plus haut, il était evidemment
plus grand qu'elle mais elle n'était pas petite du tout, bien au contraire, il était a peine plus grand qu'elle même si elle trichait par la hauteur de ses talons. Elle lui cracha la fumée de la cigarette dans la figure, seulement, Nikolaï, bien qu'il n'aime pas ce genre de chose, resta de marbre, et ne bougea pas, ne toussa pas, pas le moindre cil vacilla. Elle venait de se présenter. Alors elle se nommait Johanna Connors elle devait avoir 19ans si elle se trouvait en premiere année, et selon Johanna, il venait de la divertir un peu... PAssons, c'etait a present son tour, sans une once de ton il répondit en lui serrant la main:

"Nikolaï Johnson."

Ben quoi? Il n'allait pas non plus raconter sa vie. Ce n'était pas son genre de tout dévoiler, et puis si elle voulait en savoir plus elle avait qu'a etre moins désagréable et plutôt curieuse.

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Etonnant comme Johanna pouvait se montrer désagréable avec une personne qu'elle ne connaissait même pas. Contrairement à son interlocuteur visiblement mal à l'aise, la jeune femme nageait comme un véritable poisson dans l'eau. Dans ces moments d'ennui, elle se divertissait comme elle pouvait. Le jeune homme à côté d'elle était simplement venu au mauvais endroit au mauvais moment. Il n'avait pas eu de chance.
Sans doute serait-il impossible de se faire apprécier de sa part avec le comportement qu'elle avait. Mais ça n'était pas comme si Jo' cherchait à se faire aimer de chaque personne qui croiserait son chemin. Pas hypocrite pour un sou, sauf si l'hypocrisie était un passage obligatoire pour accéder à ce qu'elle désirait, l'étudiante n'allait pas s'entraîner devant sa glace pour faire paraître vrais ses faux sourires. Jouer à faire semblant n'était pas son truc. Elle était ce qu'elle était et sans aucun doute parfaitement bien dans sa peau.

Dans le regard du jeune homme, Johanna avait cru lire un peu de surprise... Simplement parce qu'elle le soutenait ? Ses adversaires n'avaient jamais dû être d'un niveau assez élevé. La froideur ne l'impressionnait pas plus que la dureté. En temps normal, peut-être se serait-elle énervée de voir à quel point le garçon semblait croire qu'il pouvait sérieusement lui tenir tête. Mais, toujours aussi imprévisible et changeante, Jojo trouvait plutôt la situation amusante.
L'expression des yeux du jeune homme suite à sa surprise lui avait encore un peu plus plûe. Au moins, il s'était montré courageux -ou stupide- à lui avoir répondu. Certes, il ne la connaissait pas, mais elle en avait fait dégager déjà pas mal pour beaucoup moins que ça. Lui était resté. Ca faisait déjà une différence.
Il devait aimer la compétition ou avoir été un battant toute sa vie pour s'obstiner à rester avec elle. Dans ce cas-là, ils étaient deux, mais le garçon subirait une défaite assez difficile si Jo' continuait sur cette voie là.

Puis un bruit de portable s'était fait entendre. Ca n'était pas le sien, il ne vibrait pas aussi fort. Quelques secondes plus tard, l'inconnu regardait l'appareil en raccrochant. Oh, il n'avait même pas daigné répondre. C'était d'une impolitesse impardonnable...
D'accord, peut-être Johanna n'était-elle pas la plus correcte des jeunes femmes et était assez mal placée pour donner des leçons, mais elle savait parfaitement qu'elle n'était pas un exemple. Sa situation lui convenait d'ailleur parfaitement. Les règles, tout ça... Ca n'était pas fait pour elle. Sans doute pour ça qu'elle avait fermement l'intention de devenir une brillante avocate. Jo' n'avait pas beaucoup de valeur, critère des plus importants pour réussir dans cette profession.

A la remarque qu'elle lui avait faite, son interlocuteur ne répondit pas, chose la plus intelligente selon elle. Un sourire était d'ailleurs de nouveau apparu sur son visage. Au moins ne commettait-il pas deux fois les mêmes erreurs. Soit il trouvait une répartie qui pouvait rivaliser avec la sienne, soit il se taisait.
En fait, ce qui devait les différencier, c'était juste que Jojo ne se génait absolument pas pour dire ce qu'elle pensait et être la plus désagréable possible. L'autre devait avoir un peu plus de retenue. Tant pis pour lui. Il n'aurait jamais dû lui faire son sourire compatissant alors qu'elle n'avait perdu qu'un bracelet et se moquer d'elle juste après ses paroles. Il avait manqué de tact, et, rancunière jusqu'au bout, elle jugeait parfaitement équitable de se montrer sous un air assez mauvais, même si le grand jeu n'était évidemment pas sorti.

Enfin, Johanna finit par rire plutôt franchement quand il lui avait au final dit qu'il lui répondrait toujours juste parce qu'elle n'aimait pas ça. Attendez, au final ça n'était pas un adulte. Le jeune homme n'était qu'un simple gamin qui faisait ce qu'on lui demandait de ne pas faire juste pour tenter d'atteindre la personne qu'il n'aimait pas. Ca n'avait rien à voir avec elle et les règles. Les règles n'étaient faites que pour diminuer au maximum la liberté.
Ils étaient donc vraiment différents, même si à la base, jamais Jo' ne l'aurait mis dans le même panier qu'elle.Alors, comme pour expliquer la cause de son rire, la jeune femme avait finit par ajouter sur un ton amusé :

"Attends là, je parle à un gamin ou à un homme mâture ? Non ne réponds pas, c'était juste une question rhétorique pour te faire croire que j'avais besoin de ton avis. Oui il m'est paru évident que j'devais te l'expliquer. Quant aux limites, évidemment que je n'en ai pas, sinon je ne te parlerai pas comme je le fais. Quel sens de la déduction ! J'te félicite, c'était pas donné à tout le monde de s'en rendre compte, vraiment."

A présent debout en face de l'homme, se moquant totalement de son regard empli de mépris pour elle, Johanna lui avait fait le plus beau de ses sourires juste pour voir la tête qu'il tirerait face à elle. Enfin, peut-être allait-il s'obstiner à rester de marbre face à elle ce... Nikolaï Johnson. Okay, c'était cool, elle avait son nom, mais son statut dans l'université... Absolument aucune idée.
Elle avait serré sa main presque amicalement tandis qu'avec l'autre, la jeune femme se contentait simplement de fumer sa cigarette. Puis enfin :

"Oh c'est bon fais pas la gueule Johnson. C'est pas comme si j't'avais menacé avec une arme, j'suis pas de ce genre-là."

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[ Tes posts grandissent à vue d'oeil!!! J'ai du mal moi ^^ Je sais plus quoi raconter! J'admire! Shocked

en plus c'est pas très long pour moi...]

La conversation qui n'en était pas vraiment une, même si elle agaçait de temps à autres le jeune Nikolai, lui rappelait quelques bons et mauvais souvenirs, en effet, Johanna avait le sens de la répartie, et derrière sa mauvaise humeur, Nikolaï savait que la jeune femme méritait que l'on la connaisse un peu mieux, cependant ne maitrisant pas son calme, et surtout sa répartie, il ne savait comment réagir, et c'était bien la premiere fois qu'il avait affaire à une pareille fille. Mais même si tout ce qu'il ressentait à ce moment était assez contradictoire, il était content d'écouter le cynisme, et la mauvaise humeur de la jeune femme qui lui redonnait peu à peu le sourire, et il oubliait ses soucis. Si on lui demandait ce qu'il pensait de cette jeune fille, bien qu'elle ne soit pas agréable avec lui, il répondrait avec sincérité: "C'est quelqu'un à connaitre absolument, cette fille vaut le détour, et vaut bien mieux que toutes les autres réunies." Mais ça, pour le moment, il se le gardait pour lui, il n'avait aucune envie de s'avouer vaincu. C'était comme un match de tennis, il ne renoncait jamais, pas une seule fois il n'avait cru perdre...Et même dans les moments difficiles il relevait la tête.

Elle ne lui laissait plus le choix, il allait devoir faire un combat de telle sorte que s'il parvenait à toucher un point sensible ne serait-ce qu'une fois, bien qu'il en prendrait plein la figure, peut être changerait-elle d'attitude vis à vis de lui, il ne demandait pas qu'elle soit amicale, mais peut être voulait-il simplement comprendre pourquoi était-elle comme ça. Il ne partirait que quand il serait satisfait ou completement léssivé de ce combat de paroles et de regards qui amusait autant Johanna, que ce qu'il en bavait.

Mais pourtant, soudainement, le jeune russe prit la parole, pourtant, à ce stade de la conversation, il n'avait rien a dire de particulier, mais il avait envie de parler et il ne se géna pas.

"Je crois que si vous mettiez toute cette énergie à profit, vous seriez bien plus qu'une simple étudiante! Ca doit être barbant d'avoir affaire à des personnes qui ne comprennent pas votre intelligence..."

Il soupira, et il s'adossa contre l'arbre en relevant légèrement la tête, il avait fini par se détendre. Normalement, si la jeune femme n'avait pas été ce qu'elle était, Nikolaï lui aurait certainement proposé d'aller marcher un peu, mais il se ravisa alors qu'il allait ouvrir la bouche, car il se dit qu'il s'attirerait les foudres de Johanna.

Il comprit bien assez tôt qu'elle riait encore une fois pour le faire taire avec une remarque désobligeante, c'est pour cela que soudainement, il se mit à réfléchir très vite afin de trouver la repartie nécessaire. Elle s'amusait à le descendre, mais bizarrement ça n'atteignait plus le pauvre Nikolaï qui en prennait énormément pour son grade. Il fronça très visiblement et nettement les sourcils, et il prit la parole pour une fois sans réfléchir, mais peut être que ça serait le mieux a faire:

"Ecoute moi bien! Sois tu te plais a vivre seule, et a trouver une occupation comme celle ci à agacer les autres parce que tu ne veux pas voir du monde, alors là j'aurais très bien compris, j'ai rien demandé moi! Ou alors tu essayes de voir jusqu'ou chacune de tes pseudos victimes peuvent aller, mais je crois bien qu'en réalité je me suis trompé sur toi, je pensais que tu étais une fille intelligente, qui méritait qu'on l'écoute, mais même si j'ai l'air de tout ce que tu veux moi j'ai ma propre identité et je ne me cache pas derrière des paroles!"

Son ton au fur et à mesure s'était durci, et il n'avait même pas essayé de réfléchir, c'était à peine s'il s'était écouté, mais il était parfaitement calme, a present, et il savait qu'il allait en prendre à nouveau plein dans la figure...

A présent elle lui souriait, et il n'y prétait même plus attention, il était complêtement indifferent a ce qu'elle disait et qu'elle soit ou non une femme ne changerait rien, elle pouvait tout essayer, il n'en avait plus rien a faire. Il détournait d'ailleurs le regard chaque fois qu'elle le regardait. Vexé, meme profondement vexé, il etait adossé contre son arbre, et ne comptait plus essayer de comprendre quoique ce soit.Il répondit simplement a la dernière phrase qu'elle balanca:

"Si tu m'avais menacé avec une arme j'aurais été bien supérieur, je suis russe, j'ai eu affaire à la mafia, donc je sais réagir à ce genre de situation, et puis les femmes ne savent pas se servir d'une arme..."

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