Jour d'arrivée [Libre]

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Horrible. Vraiment Horrible.

C’était son premier jour à la fac. A peine arrivée qu’elle avait déjà faillit se casser la figure. Bon, personne ne l’avait vu. Qui ferait attention à elle, de toute façon ? Mais quand même…La tête baissée, son sac de cours sur les épaules, Vicky avait traversé l’interminable couloir principal en rasant le mur, de peur d’heurter ou même de croiser le regard de quelqu’un. Elle avait jeté quelques coups d’œil par-ci, par-là, histoire de voir si le monde des étudiants étaient vraiment hostile.

Non, il était pire. Que des bimbos à droite à gauche, en troupeau telles des vaches, remuant leur popotin devant le groupe des mâles, à savoir de séduisants taureaux qui roulaient des muscles pour séduire lesdites femelles. Que des vêtements ultra-fashions, dont beaucoup soulignaient les formes plantureuses de ces étudiantes, apparemment constamment en chaleur. Horreur ! Où était-elle tombée ? On ne lui avait pas dit que la fac était devenue un concours de beauté. Comment ces filles et ces garçons qui respiraient la superficialité avaient-ils pu atterrir ici ? Ils étudiaient ? C’était bien une fac de droits, pourtant, non ? Pas de mannequinats ? Oh, et si elle s’était trompée ? Mais non, mais non. L’université de Cambridge était la plus grande et la plus réputée des Etats-Unis ; il fallait vraiment être stupide pour la confondre avec une autre.

*Mais le problème, c’est que je suis stupide.* songea amèrement la jeune fille dans un profond soupir.

Victoria sentait le rouge monter à ses joues, sans extérieurement aucune raison apparente. Elle sentait des regards se poser sur elle, la jauger, la critiquer…et même si cela n’était qu’un effet de son imagination, elle commençait à avoir la nausée. Vite ! Sortir. Dehors. En courant ? Non, tout le monde la verrait. Mais elle ne voulait plus rester ici…Oh ! Une porte vitrée. Une petite terrasse. Personne. Aussitôt, la brunette plongea à l’intérieur, et ce fut avec un soulagement évident qu’elle s’adossa sur le verre, essoufflée, comme si elle venait de faire un marathon, son visage rosie n’arrangeant rien. Elle passa une main dans ses cheveux, haletante, s’avançant jusqu’au mur. Après avoir reprit son souffle, elle observa les environ, juste en attendant que son cœur cesse de battre la chamade.

Il y avait de nombreux mégots par terre. Les gens devaient se rendre ici pour fumer, entre deux cours. Elle, elle ne fumait pas. Normal, pour une élève modèle ! Elle eût un sourire ironique à cette pensée, baissant la tête, des mèches brunes lui tombant sur le visage. Les autres allaient sans doute se moquer d’elle...Comment ferait-elle pour survivre ?

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* Zen, restons zen *

Ca y était Roxane venait de faire ses premiers pas à Harvard ...
No comment, une université de riches ... Avec des enfants de riches ... Des conversations de riches et des mentalités de riches ...
Elle avait besoin d'une cigarette, et VITE.
Pourquoi avait-elle écouté son père? Harvard ... Mon dieu mais où était-elle tombée ...
Elle avait déjà entouré sur son plan de la Fac les endroits qui lui seraient le plus utiles dans son commerce de drogue ...
En fait, hormis le luxe insolent qui émanait de l'endroit, l'ambiance était parfaite pour ses affaires ...
Des tas et des tas de filles et fils " de " près à n'importe quoi pour se rendre intéressants.
Un frêle sourire s'afficha sur ses lèvres.

* Ne regrette pas, tu vas te faire un sacret paquet de fric *

L'argent ... Elle n'en manquait pas, son père le gagnait en tuant les autres, mais elle commençait à bien se plaire aux USA et se doutait que le paternel ne la laissera pas longtemps vivre ici, juste le temps de ces études.
Or, Roxane comptait bien s'installer ici et il lui faudrait ses débrouiller sans l'argent de sa famille, il ne fallait pas s'attendre à ce que son père la soutienne, pour lui sa fille devait :

1- Avoir son diplôme avec mention
2- Rentrer à la maison et briller en société pour couvrir ses actes Mafieux...

Reportant son attention sur la carte, elle se dirigea vers le Patios et ouvrit la grande porte fenêtre qui donnait sur l'extérieur, clope au bec.
Toujours les yeux rivés sur la carte elle n'avait pas vu la jeune femme très pâle à la respiration saccadée qui était arrivée avant elle.

En entendant sa respiration, Roxane releva la tête et leva un sourcil interrogateur ...

* Hey reste avec nous poulette ... *

" La forme ? " Demanda-t-elle en allumant sa cigarette.

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En entendant la porte s’ouvrir, la pauvre Vicky frôla la crise cardiaque. Oh, cela était un peu exagéré, mais pas tant que ça ; l’émotivité de la jeune fille, si c’était possible, était deux fois plus grande dans ce genre de situation. Elle coupa brusquement sa respiration, milles pensées se bousculant dans sa tête. Qui était-ce ? Une fille, un garçon ? Un professeur ? Oh non ! Il allait croire qu’elle fumait, il le dirait à ses parents et puis…mais non, mais non. Elle ne sentait pas la cigarette, de toute façon. Mais…si c’était une de ces étudiantes, là ? Avec un pot de peinture sur le visage et les vêtements si serrés que leur bustier risquait à tout moment d’éclater ?...non, non, non. C’était à tout prix ce que Vicky désirait éviter : un face à face avec un membre de cette espèce. Elles étaient si pleines d’assurance, considérées comme si belles et tellement craintes et respectées ! Tout ce que Vicky était bien loin de posséder. Le problème, c’est que la fac semblait regorger de ces langues de vipères, et elle ne donnait pas cher de sa peau avant d’être mordu par l’une d’entre elles…

"La forme ?"

Sursaut. Elle avait tant pensé qu’elle en avait oublié la cause même de ses méditations ! Victoria redressa soudainement la tête, écarquillant plus que jamais ses grands yeux bruns dans un air extrêmement médusé. Dieu merci, elle referma hâtivement la bouche, ce qui lui donna une expression moins niaise.

Devant elle, elle avait une jeune femme si différente de toutes celles qu’elle avait croisées qu’à sa moue interloquée s’ajouta une touche de béatitude. Les cheveux courts, d’allure désinvolte, Victoria n’aurait jamais cru possible la présence d’une telle demoiselle dans un établissement éblouissant d’esthétisme superficiel. Sans être hideuse pour autant, son interlocutrice était d’une négligence apparente, ce qui fit, malgré elle, sourire Vicky dont les yeux redoublèrent de brillance. Sans doute avait-elle l’air bien idiote, avec ses lèvres gentiment étirées et ses mimiques pantoises, mais elle n’en restait pas moins innocemment heureuse. Mais cela dura à peine un millième de seconde, car si Vicky émanait de candeur, elle n’était cependant pas aussi bêtasse que les cruches des alentours, et sût rapidement reprendre ses esprits même si elle fit preuve de la plus grande maladresse.

"Ah, euh, oui, enfin…"

De nouvelles rougeurs apparurent sur ses joues, elle bégaya, passant nerveusement la main dans ses cheveux. Mauvais point. Première rencontre et elle n’arrivait même pas à s’exprimer correctement. Pourtant, ce n’était pas le vocabulaire qui manquait, car elle en connaissait, des mots scientifiques ! Mais à quoi peut bien servir la science dans ce genre de discussion ? Elle allait encore passé pour une dinde. Elle croisa le regard de son interlocutrice, sentant les larmes lui monter aux yeux. Non ! Respire. Calme. Zen. Tout va bien. Elle ne va pas te manger. Elle a l’air plutôt cool. Elle…fume ? Oh. Espérons que le vent soit contre elle. Si Vicky se prenait la fumée dans la figure, ça serait le bouquet, elle qui avait bien trop de mal à supporter les effluves des cigarettes.

"Je…je…"

Arrête ! Parle ou ne parles pas, mais arrête de bredouiller, tu t’enfonces encore plus. L’étudiante allait sans doute se moquer d’elle. Et elle n’aurait pas tort. Qui ne rirait pas face à une telle gaucherie ? Mais piquée par on-ne-sait quelle mouche, Victoria reprit soudainement sa respiration, et répondit d’une traite, comme pour se débarrasser le plus vite possible de ces mots qui été coincés depuis si longtemps au fond de sa gorge :

"Jesuisnouvelleetjenesaispasouallerenplusjeconnaispersonneetyaquedesbimbos."

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Roxane resta cloîtrée dans un silence perplexe face au spectacle qui s’offrait à elle.
C’était comme si la jeune femme était tiraillée entre parler ou simplement pousser de petits cris gutturaux et incompréhensibles.
Avec un étonnement poli et amusé elle regarda la pauvre brunette rougir, respirer avec difficulté et bégayer, tout ça en même temps.
Elle commençait à regretter d’avoir posé sa question quand la jeune femme répondit enfin.
Et quelle réponse !
Une macédoine indigeste de voyelles et de consonnes savamment mélangées pour que l’on n’y comprenne rien.
Les seuls sons qu’elle comprit furent « nouvelle et Bimbos ».
Roxane regarda un instant l’étudiante paniquée qui semblait hyper émotive, lui sourit, puis se retourna pour contempler le paysage.
Vu sous cet angle elle se sentait presque bien … De voir comment cette jeune femme vivait son arrivée ici lui faisait un peu de peine mais comme on dit « le malheur de un … ».
Elle trouva bon de rester le dos tourné quelques secondes, histoire de donner le temps à l’étudiante – si elle le souhaitait – de reprendre son souffle et de regagner un peu de dignité sans avoir à la regarder en face.
Arrivée au tiers de sa cigarette, Roxane se retourna et regarda la jeune femme avec compassion.
Préférant ne pas revenir sur ses bégayements pour ne pas la mettre mal à l’aise, elle lui accorda un petit sourire et s’accouda négligemment sur le rebord de la rambarde.

« Roxane » Dit-elle en lui tendant la main pour l’encourager, « nouvelle et tout aussi exaspérée que toi par la prolifération de ses parasites en mini jupe ^^ »

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Etait-ce de l’exaspération ou la politesse de tourner la tête pour pouvoir pouffer en toute liberté ? Quoiqu’il en soit, son interlocutrice sembla observer avec grand intérêt le panorama après avoir entendu la si pathétique réponse de Vicky. Celle-ci se frotta fébrilement les mains, ne sachant quoi faire, déglutissant difficilement. Ce qu’elle devait avoir l’air idiote. Elle devrait peut-être s’en aller ? Ah non, si c’était pour retourner dans l’hostilité des couloirs…Elle baissa les yeux, reprenant normalement sa respiration sans pour autant être dénuée de honte. Sur ses joues, le rouge vif semblait être à jamais peint sur sa peau.

La demoiselle se retourna, lui adressant un sourire. Victoria en fut tellement abasourdie qu’elle le lui rendit instinctivement, poussant un petit gémissement qui pouvait exprimer au choix l’euphorie ou une timidité si croissante qu’elle n’arrivait plus à dire un mot. Puis, l’étudiante se présenta, lui tendant une main chaleureuse en affirmant son mépris certains pour les troupeaux de vaches. Dans un mouvement d’épaules, Vicky poussa alors un profond soupir de soulagement, esquissant un réel sourire en dévoilant ses dents blanches. Elle en aurait presque versé des larmes si la réaction de l’étrangère ne l’avant pas tant surprise. Y avait-il donc un peu d’humanité dans cette monstrueuse université ?

"Vi…Victoria. Mais tu peux m’appeler Vicky, c’est plus…enfin…je…euh…" répondit la jeune fille en glissant aussitôt sa main dans celle de Roxane.

Elle rougit de nouveau, mais cette fois-ci, tout son visage était auréolé de bonheur, ce sourire resplendissant l’égayant bien mieux que ses moues honteuses. Vicky se tut un instant, plaçant une mèche derrière ses oreilles, puis reprit, brusquement plus bavarde ;

" Ex-Excuse-moi, je suis un peu nerveuse…c’est que…je pensais aller en fac de droit et…et je tombe sur des filles qui…enfin…n’ont vraiment pas l’air de…bref, je me demande comment elles sont atterries là. Et puis…je…je ne connais personne alors forcément…euh…pardon, je dois t’embêter à te raconter ma vie comme ça…"

*Idiote idiote idiote !* pesta t-elle intérieurement.

Vicky eût un rire nerveux, ramenant aussitôt ses mains derrière son dos. Décidément, elle qui ne se confiait jamais venait de raconter tout juste ce qu’elle éprouvait. Si cela ne tenait qu’à elle, elle se serait violement taper la tête contre le mur ; depuis quand jouait-elle à la pipelette ? Roxane, la seule qui voulait bien lui adresser la parole, risquerait de prendre peur…si ce n’était pas déjà fait.

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Le sourire de Roxane s'élargit quand elle vit la dénommée Victoria littéralement rayonner de bonheur.
Elle trouva la situation insolite. De toute évidence la jeune Vicky n'était pas très douée pour extérioriser, de manière civilisée, ses sentiments mais Roxane trouva à la jeune femme une pointe de fraîcheur qu'elle n'avait pas su déceler chez les pétasses et les Playboys qu'elle avait croisé pour le moment.
Elle laissa échapper un petit rire qui n'avait rien de moqueur quand l’étudiante s'emmêla dans l'énumération de ses malheurs.

" L'argent ... " Dit-elle pour mettre fin au rire nerveux de Victoria, " C'est le point de ralliement de tous les crétins que tu pourras rencontrer ici je pense ... " Reprit-elle avec sarcasme alors qu'une voiture remplie des jeunes et "beaux" sportifs passait dans la rue adjacente en explosant le seuil de la tolérance sonore civique.

Se reposant contre la balustrade, Roxane reprit la consommation de sa mort en tube et regarda Vicky se tortiller sur place, mal à l'aise.
Après quelques secondes passées à l'examiner minutieusement elle conclut que la jeune femme ne devait pas être une consommatrice de drogues dures et fut un peu déçue de voir qu'elle n'avait pas encore trouvé d'acheteur.

Néanmoins elle ne s'en alla pas pour autant, préférant profiter du calme relatif qui régnait dans le Patio.
Elle n'éprouvait pas tellement le besoin de parler, Roxane n'avait pas besoin de compagnie pour vivre sa vie, mais la vision de la pauvre Victoria toute névrosée l'incita à la sympathie.

" Alors ? D'où tu viens ? " Demanda-t-elle avec un sourire rassurant pour engager la conversation en espérant détendre un peu la jeune femme.

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Elle qui considérait que la poisse l’avait toujours suivit depuis sa plus tendre enfance, fut pour le moins très agréablement surprise que son interlocutrice semblait tout à fait encline à partager un peu de son temps avec elle. Contrairement à beaucoup, Roxane n’avait pas l’air particulièrement exaspérée par la nervosité de la brunette, et même si elle l’était, elle ne le montrait pas, ce dont Vicky lui remerciait grandement. Quoi de plus stressant que de voir votre locuteur agacé par vos propos ?

A la réponse de la jeune femme, Vicky acquiesça dans une moue attristée. La réplique de Roxane était si criante de vérité que cela en devenait désolant. Il était vrai que Miss Swann venait elle-même d’une famille aisée, de par la profession gratifiante de ses parents. Mais à l’encontre de tous ces beaux-gosses fortunés, elle n’avait jamais reçu d’autres privilèges. Ses habits étaient peut-être un peu plus chers que la moyenne, mais cela ne se voyait pas vraiment, Vicky n’arborant pas avec fierté le nouveau sac Dior ou une belle montre Chanel, de même qu’elle était bien loin de se trémousser dans une BMW en vivant dans un palace super UP.

"Et bien…je viens de New-York. Je suis partie il n’y a même pas deux jours…et…et toi ?" répondit la jeune fille dans un sourire timide, sa voix devenant moins aigue et tremblante dans un soupçon d’assurance.

Le visage confiant de Roxane faisait ses preuves, et même si elle émanait toujours d’un embarras certain, Vicky semblait quand même plus à son aise. Il fallait dire qu’elle était très réceptive à la réaction de son allocutaire. Elle se balança légèrement d’un pied sur l’autre, grattant l’ongle de son pouce gauche avec sa main droite, regardant Roxane avec la tête légèrement baissée. Rien que pour faire poursuivre la discussion, Vicky lui aurait sauté au cou. Elle avait toujours cette intense chaleur qui brûlait dans sa poitrine, mais parler un peu, du moins normalement, avec quelqu’un de sympathique, la rassurait. Enfin, parler…elle écouterait plus sans doute, maintenant que son état redevenait presque normal.

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Roxane regarda Vicky en finissant sa cigarette et fut satisfaite de la voir reprendre un peu confiance en elle.
Maintenant qu’elle ne cafouillait plus, la jeune femme laissait apparaître son côté calme et agréable.
Roxane pouvait à présent s’arrêter son le visage d’ange de Victoria, ses grand yeux qui – une fois débarrassés de leur panique – avaient quelque chose d’hypnotique et sa belle silhouette qui lui donnait une sorte de Grâce qui jurait énormément avec la nonchalance de l’Italienne.

*New York … La chance …* Pensa-t-elle quand Vicky lui dit qu’elle venait de là bas.

Roxane s’était prise d’affection pour les USA depuis sa première visite à New York justement.
Une ville magnifique aux écarts sociaux impressionnants. C’était dans cette ville qu’elle avait rencontré Pô et qu’elle avait appris à subvenir à ses propres besoins toute seule.

« J’aime bien New York … Moi je viens de Naples » Dit-elle en jetant son mégo dans un cendrier, exaspérée par les amas de cadavres de cigarettes qui gisaient à ses pieds alors que des réceptacles avaient été installés par soucis de propreté.

Elle ne précisa pas où était Naples, testant ainsi les connaissances géographiques de Vicky. En effet, elle avait remarqué avec dédain que les Américains ne se souciaient pas tellement du reste du monde. Pour elle, européenne, une bonne connaissance géographique lui paraissait être quelque chose de normal, et quand elle était arrivé aux USA elle avait été effarée de voir que « Paris » n’était pour les eux qu’une ville du Texas et non la capitale de la Mode…

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Un radieux sourire se dessina sur ses lèvres à l’entente du sentiment qu’éprouvait Roxane vis-à-vis de sa ville natale.

"C’est vrai ? C’est une ville sublime…j’ai beaucoup de chance d’y habiter. Même si quand on vient de là-bas, beaucoup de gens croient qu’on se sent supérieur à cause de ça…" répondit-elle en pressant ses lèvres dans une moue dépitée.

En tout studieuse élève qu’elle était, Vicky aurait dû savoir précisément où se trouvait la ville dont Roxane était originaire. Ce n’était pas si faux, finalement ; elle était déjà sûre que Naples n’était pas américaine, et précisément d’Europe. Mais s’il s’agissait de la France ou de l’Italie…Son interlocutrice n’avait en effet aucunement tort pour ce qui était de l’égocentricité des Etats-Unis, et les cours de géographie, même pour cette chère Miss Swann, étaient rapidement oubliés. Vicky marqua une pose avant de répondre à la demoiselle, se mordant discrètement les lèvres. Paris, Rome, Madrid…elle les connaissait, mais autres que les capitales…enfin, au moins, elle savait un peu près où se situaient tous les pays, c’était déjà ça. Mais dans ces cas là, elle regrettait amèrement de ne pas s’être plus intéressée aux villes européennes.

Elle passa une énième fois la main dans ses cheveux et dit en baissant les yeux ;

"Excuse-moi…je ne sais plus si Naples est italienne ou française…En tout cas, tu as dû faire un grand voyage ?"

Vicky lui adressa un sourire désolé, observant sa locutrice tout en même temps. Elle avait, selon elle, un visage très particulier, émanant de bien plus de charme que toutes ces poupées qui se pavanaient dans l’université. Elle était sans aucun doute plus âgée qu’elle, mais était plus petite tout en ayant l’air plus costaud. Elle devait savoir s’y faire et ne pas du tout se laisser marcher sur les pieds, et Vicky le lui enviait. Que n’aurait-elle pas donné pour n’avoir ne serait-ce qu’une once de cette audace qui brillait dans les yeux de Roxane ?

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Roxane laissa apparaître le bout de ses dents quand son sourire s'étira aux propos de Vicky.

" C'est partout pareil tu sais, les habitants des capitales sont toujours considérés comme des snob " Dit-elle avec un air compatissant à l'égard de la jeune femme qui semblant déçue de se traitement qu'on lui réservait.

Elle même avait toujours été résistante vis à vis des habitants de Rome jusqu'au moment où elle avait passé le plus beau voyage d'étude de sa vie là bas.
Victoria se passa de nouveau la main dans les cheveux et Roxane la soupçonna de faire se geste à chaque fois qu'elle était mal à l'aise.
Elle comprit alors que son petit teste Géographique portait ses fruits et le coin de ses lèvres frémit d'amusement.
Mais la réponse qui arriva l'étonna. L'étudiante ne savait certes pas situer Naples précisément mais elle savait que c'était une ville européenne.

" Italienne " Répondit-elle simplement pour informer Vicky, " Mais ça fait déjà un petit bout de temps que je suis ici, je veux dire, en Amérique " Dit-elle quand la jeune femme lui parla de long voyage.

En fait, en guise de long voyage elle avait arpenté les USA de long en large, cherchant à faire sa vie et à parfaire son Anglais durant un an avant que son père ne l'envoie à Harvard.

Un petit moment de silence s'installa durant lequel Roxane se remémora les étapes de cette année de découverte du territoire.
Revenant à la réalité elle cligna des yeux pour perdre son air lointain et sourit pour s'excuse de son absence.

" Et ... Tu ne visites pas la Fac ? " Demanda-t-elle, se rendant compte tout à coup qu'il était étrange qu'une jeune nouvelle vienne se réfugier dans un Patio où elle ne fumait même pas.

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Il est vrai que son anglais était impeccable, et qu’elle n’avait pas l’air très franchement dépaysée, contrairement à Victoria qui, elle, bien qu’elle eût vécut toute sa vie en Amérique, se sentait tout à fait perdue ; c’était le monde à l’envers. L’idée que Roxane vienne de si loin piqua grandement son attention. Vicky, elle qui n’avait jamais quitté New-York se demandait bien quel était l’effet de quitter son pays pour aller dans un autre, d’une langue et sans doute de mœurs totalement différentes. Roxane avait dû vraiment se sentir isolée…non ? Dans tous les cas, elle avait l’air parfaitement intégrée. Du moins, elle n’avait pas l’air d’une pauvre italienne expatriée.

Ce fut au tour de son interlocutrice d’être rêveuse. Evénement exceptionnel ! D’habitude, c’était toujours Vicky qui partait dans de longues discussions internes avec elle-même, en se remémorant ci et cela, alors que ses allocutaires la regardaient d’un air blasé. Beaucoup ne s’étaient d’ailleurs pas gênés de la refaire violement revenir sur Terre en la coupant brusquement de ses pensées. Mais Victoria ne comptait pas du tout répéter ces méchancetés avec l’italienne, et lui laissa grandement le temps de se reprendre elle-même. Vicky, quant à elle, s’abandonna à contemplation de l’italienne dans une observation teintée d’admiration. Se rendant compte de ce qu’elle faisait, ses joues rosirent de nouveau et elle regarda ailleurs, alors que Roxane revenait peu à peu à la réalité.

Sa question valu un nouveau passage de main dans la longue chevelure de Vicky. Cette dernière eût un petit soupir désenchanté. Visiter la fac ? Cette activité qui aurait pourtant dûe s’avérer passionnante paraissait tout à fait dangereuse à la vue des bestiaux environnants.

"Oh…et bien…Quand j’ai vu le genre…hm…d’étudiants qu’il y avait, je me suis arrêtée ici pour…me faire à cette idée. Mais je n’ai pas non plus trop envie de la visiter, il n’y a personne pour me guider et puis…enfin, j’irai chercher un plan à l’administration…c’est tellement grand ici. Telle que je me connais je vais me perdre tout le temps."

Elle sourit légèrement, replaçant la bretelle de son sac sur son épaule. Savoir qu’elle était vraiment inconnue dans cette université lui filait la chair de poule. Même pas ne serait-ce qu’une seule connaissance de ses parents ! C’était affolant. Bien sûr, Roxane était forte avenante, mais Vicky ne voulait aucunement lui imposer sa présence. Elle était sûrement ce genre de femme indépendante qui n’aimait pas que l’on s’accroche trop à elle, le problème étant que Victoria,elle, s’attachait très vite.

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Nouveau passage demain dans les cheveux, Roxane sourit.
C'était amusant de voir les petites manies de Victoria mais la jeune italienne réalisa bientôt qu'il devait être difficile pour elle de débarquer ici.
En effet Vicky lui avoua qu'elle était seule pour découvrir la Fac ... Cette idée fit se froncer les sourcils de Roxane.
Comment ? La plus prestigieuse des Universités laisser ses nouveaux étudiants abandonnés dans des locaux immenses ? L'esprit téméraire de Roxane se réveilla, elle était tout bonnement exaspérée par l'organisation défaillante de la Fac.

* Mais ou passe tout l'argent qu'ils exigent pour jouir du "privilège" d'être scolarisé ici ? * Pensa-t-elle avec amertume.

Elle plongea la main dans sa poche et en sortit son plan chiffonné, rempli de gribouillages pratiques.
Toujours les sourcils froncés elle se demanda comment elle pourrait bien aider la pauvre Vicky qui semblait si dépaysée.
En fait, c'était plutôt bizarre comme situation, elle n'aimait pas aider les autres, elle personne ne l'avait aidé quand elle était arrivée ici ...
Mais ... Elle songea que c'était précisément ce qu'elle aurait voulu à cette époque : un peu d'aide.

Ses yeux passèrent de son plan à l'étudiante souriante qui se tenait en face d'elle puis s'arrêtèrent sur sa montre ...
Elle n'avait pas de cours dignes de s'y rendre d'ici 2 heures et n'avait aucune autre obligation.

Fourrant à la va vite le plan dans sa poche, elle releva la tête, se rappela qu'elle avait encore les sourcils froncés et leur redonna leur expression naturelle pour ne pas effrayer Victoria.

" Aller suis moi " Dit-elle sans préambule en se reprochant de la baie vitrée.
Elle n’attendait ni merci ni marque de sympathie, elle espérait juste qu'elle arriverait à montrer à Vicky les endroits clefs de la Fac pour que celle ci apprenne à se repérer.
Et puis ... Roxane ne se l'avoua pas tout de suite mais la candeur et la naïveté de la jeune femme l'avait émue et elle ne voulait surtout laisser le privilège aux salopes de service de venir lui défaire son beau sourire.

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En voyant les sourcils de Roxane se froncer, Vicky eût soudain peur d’avoir dit une parole déplacée. Se recroquevillant légèrement sur elle-même, telle une petite fille s’apprêtant à se faire gronder, elle observa minutieusement de ses grands yeux bruns les gestes de sa camarade. Celle-ci sortit un papier froissé de sa poche, dont Victoria ne pouvait y lire le contenu de là où elle se trouvait. Elle arqua un sourcil, se penchant doucement malgré elle avant qu’elle ne se rendosse fermement au mur en croisant le regard de la jeune femme, qui passait tour à tour d’elle à la feuille chiffonnée. Vicky se mordit les lèvres en entortillant une mèche de ses cheveux, fixant le papier, se demandant bien ce que sa locutrice avait en tête. Puis, l’italienne remit la feuille dans sa poche avant de lui parler.

*Suis… ?* se répéta Vicky en ouvrant des yeux ronds.

Son cœur cessa momentanément de battre en voyant l’étudiante s’approcher de la porte, apparemment prête à partir. Elle voulait que…Vicky la suive ? Pourquoi ? Où ? Comment ? Quand ? Questions tout à fait idiotes pour une fille normalement aussi intelligente que Vicky, mais celle-ci perdait de sa lucidité quand son ingénuité s’ajoutait à la scène. Elle n’en avait pas cru ses oreilles, et pourtant, qu’est-ce que cela pouvait-il dire d’autre ? Roxane n’allait peut-être pas lui faire visiter, mais au moins l’accompagner dans un endroit adéquat. Dans tous les cas, elle allait la guider…la guider ! Vicky qui aidait et qui avait rarement reçu de l’aide se faisait guider dès son premier jour à la fac. Ses yeux s’humidifièrent alors qu’elle semblait incapable de bouger, ses mains ses crispant sur son pull. Elle dut cligner de nombreuses fois des yeux pour s’empêcher de pleurer ; il lui en fallait si peu, et Roxane lui en faisait beaucoup.

"Oh euh d’accord oui, j’arrive !" répondit-elle précipitamment en ayant peur d’avoir fait attendre l’italienne.

La demoiselle se décrocha enfin du mur et s’avança hâtivement vers la jeune femme, si près qu’elle manqua de l’effleurer. Elle ouvrit la porte en laissant d’abord passer sa camarade, les joues rosies par l’émotion. Bientôt, les deux étudiantes se retrouvèrent dans le brouhaha incessant du couloir, et, en voyant un groupe de mannequins passer juste devant elles, Vicky sentit que la chaleur refroidie de sa poitrine s’embrasait de nouveau.

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Roxane passa par la porte que Vicky lui tenait ouverte en s'étonnant de l'effrayante hyper émotivité de la jeune femme.
Elle aurait voulu lui dire de respirer calmement et de ne pas s'en faire mais le boucan du couloir vint agresser ses oreilles et le retour à la réalité se fit difficilement pour elle.
Elle attendit que Victoria referme la porte du Patio tandis qu'un groupe de Poufs bruyantes et éblouissantes de stupidité passait devant elles.
Roxane les examina des pieds à la tête avec une moue écoeurée, moue qui se transforma gloussement amusé à la vue de la tête que tirait Vicky.

" Ferme la bouche elles vont croire que tu les admires " Dit-elle pour taquiner sa complice qui semblait avoir avalé de travers et qui tentait de respire du mieux qu'elle pouvait.

Maintenant qu'elle avait un point de comparaison, cela paraissait être une évidence : Vicky avait beau être très jolie, le luxe excentrique et déplacée des filles de riches n'était sûrement pas l'univers dans lequel elle évoluait.

Les garces passèrent en leur jetant des regards de conspiratrices que Roxane n'apprécia pas beaucoup mais l'heure n'était pas à l’homicide.
Victoria semblait pétrifiée par la vision de ce regroupement de QI sous jacent, Roxane lui donna un léger coup de coude et murmura tranquillement:

" N'y prête pas attention, elles n'attendent que ça, allons nous en "

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S’exécutant aussitôt à la réplique de sa partenaire, les joues de Vicky se firent de plus en plus rouges tandis qu’elle refermait la bouche. Elle adressa un sourire gêné à Roxane, ses doigts glissant dans sa longue crinière brune. Il est vrai qu’elle les admirait peut-être d’une certaine façon…oh, non, pas pour leur vulgarité ni pour leur unique neurone, mais sans aucun doute pour leur assurance. Mais un seul coup d’œil à l’italienne et cette once d’envie s’envolait aussitôt. Sa camarade était bien plus charmante, plus intelligente et marchait d’un pas décontracté qui, aux yeux de Vicky, valait bien mieux que les roulements de fesses des vaches en rut.

"Oui, pardon…il y en a tellement. J’ai l’impression qu’il y en…enfin non, il y en a partout." répondit-elle dans un murmure en observant brièvement le corridor où les troupeaux semblaient avoir élu domicile.

Le regard que lui lancèrent les génisses environnantes lui fit perdre tous ses moyens. Elle baissa la tête, s’apprêtant sans doute à se cacher discrètement derrière Roxane, quand celle-ci lui chuchota de ne pas s’en faire. Vicky lui lança un grand sourire, quoique teinté de honte. Elle avait tellement de chance d’être en sa présence ! Vicky la trouvait vraiment adorable. Oh, il est vrai que le mot « adorable » ne décrivait pas tellement la fougueuse italienne, mais elle était tellement gentille avec elle que Vicky trouvait cette expression tout à fait appropriée. Elle hocha légèrement la tête sans plus oser regarder les pots de peinture qui les examinaient consciencieusement de leurs yeux venimeux.

"D’accord. Je…je te suis." dit Vicky en se rapprochant dangereusement de l’italienne.

Et dans un geste presque naturel, elle glissa sa main dans celle de Roxane, oubliant momentanément qu’une telle familiarité pouvait déranger sa camarade, et elle-même par-dessus le marché. Elle ne semblait d’ailleurs pas vraiment consciente de ce qu’elle faisait, regardant ses tennis, les joues roses, ce mouvement étant pour elle instinctif avec ses sœurs ou ses amis. Seulement, Roxane ne devait pas la considérer avant tant de camaraderie et serait peut-être embarrassée par tant de contact…si contradictoire alors avec la timidité évidente de Victoria.

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Roxane laissa échapper un petit rire flutté à la réplique d'une Vicky rougissante.
Après un bref coup d'oeil au couloir elle fut bien obligée d'admettre que l'étudiante avait raison : des poufs, des poufs et encore des poufs ...
L'italienne prit le temps de la réflexion en fermant étroitement son oeil droit tandis que le gauche restait grand ouvert : signe d'une grande agitation neuronale chez elle.
Non ... Le Patio n'était ni prés des toilettes des filles, ni prés de celles des garçons, ni prés d'aucun lieu qui aurait pu justifier cet attroupement.
Roxane marchait devant presque dans une attitude protectrice envers Victoria qui semblant de plus en plus mal à l'aise à chaque pas qu'elle faisait sous les yeux des commères.
C'est alors qu'elle sentit une main se glisser dans la sienne.

* oO Hein ? *

Les yeux de Roxane remontèrent le long du bras de Vicky et se fut avec un étonnement profond qu'elle regarda la jeune femme qui gardait la tête baissée dans l'attitude de celle qui prie pour que le supplice se finisse le plus vite possible.
La main de Victoria était tremblante et l'étonnement de la jeune italienne laissa bientôt place à une certaine compassion devant tant de stress pour de simples cruches médisantes ...
Une fois son incompréhension passée, elle serra fermement la main de l'étudiante et l'entraîna à grand pas vers la sortie, bousculant sans s'excuser plusieurs des phénomènes de foire.

Après quelques centaines de mètres, qui lui parurent interminables, à subir, la tête haute, les chuchotements des Bimbos écervelées, elle arriva enfin à l’air libre.
L’immense cours du Campus était peu remplie en raison des cours qui devaient avoir lieu à cet instant.
La main de Vicky toujours dans la sienne, Roxane s’avança jusqu’à un banc ombragé où – une fois arrivée à destination – elle s’écarta pour lui laisser la place de s’asseoir le temps de perdre cette couleur rouge vif qui teintait ses joues lisses.

« Le Campus : endroit jeune et conviviale où les étudiants adorent se regrouper par centres d’intérêts » Récita-t-elle avec une voix d’hôtesse de l’air pour redonner le sourire à l’étudiante fébrile, « On y compte selon le jargon en vigueur : les Pétasses (no comment), les Playboys (tout est dit), les Intellos (en fait, ce sont les seuls qui n’emmerdent personne), les « Normaux » (non catalogués …) et … »

Elle marqua une pose, ne sachant pas comment décrire les autres, ceux qui partageaient son dortoir …

« Ceux qui s’énervent vite ^^ » Acheta-t-elle avec un sourire coupable qui en disait long sur le groupe auquel elle appartenait malgré elle.

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La marche du corridor sembla sans fin. Pourquoi faisaient-ils donc de si longs couloirs ? Si étroits, en plus, où tous se bousculaient et pouvaient se regarder en observant le moindre petit détail physique de son voisin ! On y étouffait, et le bourdonnement incessant des étudiants vous faisait tourner la tête. Trop concentrée par là où elle mettait les pieds, Vicky ne fit pas trop attention à l’étonnement qui survint dans l’esprit de l’étudiante, continuant de fixer ses chaussures. Elle sentit l’étreinte de leurs mains se resserrer, et l’angoisse qui submergeait peu à peu son corps s’attiédit. Elle était avec Roxane, elle n’avait rien à craindre. Tout le monde les observait, mais l’italienne imposait le respect. Elle ne devait pas avoir peur, Roxane était là.

Elle sentit enfin la douce brise de l’extérieur, et ne pu s’empêcher d’inspirer profondément, comme si elle avait retenu sa respiration durant le chemin. Elle releva la tête, fermant les yeux ; au moins, ici, l’oxygène n’était plus asphyxié par les forts parfums des vaches décorées. Vicky se laissa docilement guidée par l’italienne, puis finit par s’asseoir sur le banc qu’elle lui présentait. Elle lui offrit un grand sourire, l’air soulagée d’avoir enfin quitté les enclos de la fac. De plus, il n’y avait presque personne, ce qui maintint fermement son apaisement. Et ses joues commencèrent rapidement à devenir roses pour retrouver leur couleur naturelle, tandis que Victoria écoutait avec attention les propos de sa camarade.

Elle éclata d’un doux petit rire face à l’ironie de la jeune femme, ses traits ayant finalement quitté la crispation pour adopter une détente évidente. Maintenant qu’elles n’étaient plus que toutes les deux, et que Vicky considérait déjà Roxane comme sa sauveuse, elle semblait beaucoup plus à l’aise, même si son air timide persistait toujours..

"Ceux qui s’énervent vite ? Tu fais parti de ce groupe ?" demanda t-elle dans un sourire, posant ses mains sur ses genoux.

Puis, elle ajouta, tout en passant une main dans ses cheveux, regardant ailleurs ;

"Moi, je crois bien que je suis dans les intellos…Mais j’ai peur que ça soit tous des petits martyrs qui ne pensent qu’à faire la morale aux autres…"

Elle rougit de nouveau et se mordit les lèvres, prenant une expression à la fois effrayée et fautive d’estimer si impunément des gens qu’elle n’avait pas encore côtoyé. Mais il fallait dire que les groupes d’élèves étaient tellement extrêmes à Havard, qu’entre les vaches et la « mauvaise graine » dont elle avait entendu parler, Vicky avait bien peur d’être atterrie chez les premiers prix de vertu. Oh, dire qu’elle n’en était pas un serait mentir, mais ces derniers avaient la fâcheuse tendance de critiquer tout ce qui, à leur yeux, était autre que chasteté.

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Roxane fut satisfaite de voir que Vicky semblait déjà plus à son aise à l'extérieur.
Cependant, quand l'étudiante lui demanda si elle appartenait au dernier groupe qu'elle avait stipulé, elle garda le silence.
Elle ne pouvait pas dire non, c'était évident, mais dire oui aurait été pire.
Se cataloguer elle même comme mauvaise graine ? S'enfermer elle même dans une case ? Jamais ! Trop d'orgueil pour ça ...
Elle préféra hausser les épaules sans réponse claire et reporter son attention sur les soucis de Victoria.
Elle examina une nouvelle fois la jeune femme qui rougissait de ses propres dires ... Grande, belle, timide, hyper émotive et possédant un aura de pertinence et d'intelligence presque palpable.
Oui, Vicky ne pouvait faire partie que des "intellos".

Depuis son arrivée Roxane n'en avait pas encore croisé beaucoup, en fait elle n'avait pas encore pu apprécier les clans de l'Université, trop occupée à tourner autour de son nombril et à mettre en place son commerce.
C'était pourtant connu dans le monde entier, et à fortiori en Europe où le rêve Américain était très présent : les universités et lycées Américains avec leurs groupes d'élèves tous très différents les uns des autres ...

Revenant plus activement dans la conversation, Roxane se tourna vers Vicky en souriant.

" Je pense qu'il y a des cons partout et que quelque soit le groupe où tu "tomberas" tu ne pourras jamais aimer tout le monde ... " Dit-elle en s'imaginant une tribu primitive de bonnes sœurs et de curés prés à excommunier le premier blasphémateur venu.

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